Le chercheur souhaitant travailler sur le thème du militantisme doit faire le choix d'une approche qu'il va mettre en œuvre pour collecter et analyser des données. Deux grandes séries d'approches s'offrent à lui : l'approche quantitative et l'approche qualitative. L'approche quantitative peut être définie par ces quelques propriétés : le chercheur quantifie le phénomène en étudiant un grand nombre de cas, il utilise des statistiques descriptives, et ses recherches sont exploratoires et descriptives. En revanche, dans le cadre d'une approche qualitative, le chercheur fait une étude approfondie d'un petit nombre de cas, il étudie le fait humain et s'intéresse à la lecture que les acteurs font de leur réalité en analysant leurs perceptions ou leurs interprétations ou même les traces qu'ils ont laissées (lettres, journaux intimes, procès verbaux, etc.…). En outre les recherches sont descriptives, relationnelles et explicatives.
Dans quelle mesure chacune de ces approches peut-elle être utile pour étudier le militantisme ? Y a-t-il une meilleure approche ? Le thème du militantisme étant très vaste et regroupant de nombreux aspects, il faudra tenter de voir quel type d'approche est le plus approprié selon le sujet étudié. En effet, une étude centrée sur les militants eux-mêmes ou sur une organisation ne requiert peut-être pas les mêmes outils. Pour le savoir, nous allons tout d'abord comparer les apports et les limites de chaque approche, avant de voir qu'une telle opposition est stérile et qu'elle peut être dépassée : ainsi d'autres types d'approches tentant d'intégrer ces deux dimensions sont de plus en plus utilisées par les chercheurs.
[...] En effet, les approches qualitatives et quantitatives s'opposent notamment sur le fait que l'une est subjective, alors que l'autre se veut objective. Par conséquent, le choix d'une des deux approches revient en simplifiant à choisir entre l'objectivité et la subjectivité, peut-être en fonction de ce qui est étudié. Le choix d'une analyse en termes de carrière permet d'éviter cette alternative, puisque ce concept renvoie à deux dimensions : dans sa dimension objective, une carrière se compose d'une série d'emplois et de statuts clairement définis, alors que dans sa dimension subjective, elle est faite des changements de perception qu'a un individu de son existence[6]. [...]
[...] C'est ce que montrent d'ailleurs les récentes recherches sur le thème du militantisme : le sociologue tente de plus en plus de combiner les approches qualitatives et quantitatives afin de tirer profit des deux. En outre, on l'a vu, les approches longitudinales et interactionnistes proposent dans leur forme même une alliance entre les deux systèmes. L'interactionnisme regroupe un ensemble d'approches considérant les interactions entre les acteurs comme un élément explicatif fondamental des formes et des structures concrètes des situations et des systèmes. [...]
[...] Jean PENEFF insiste également sur le fait que les questionnaires ne permettent pas la prise en compte de phénomènes pourtant importants dans l'étude du militantisme comme la formation ou la circulation du capital économique. De la même façon, la tradition interactionniste[1] a rejeté les analyses statistiques et le recours aux enquêtes par questionnaires, condamnées selon elle à ne pas prendre en compte la dimension temporelle. Par conséquent l'analyse par questionnaire et donc par là même l'approche quantitative ne s'attache pas à comprendre les raisons de l'engagement ou du désengagement. [...]
[...] Ainsi, Jean PENEFF a recueilli et analysé neuf autobiographies de militants ouvriers ayant les mêmes caractéristiques ils ont été ouvriers toute leur vie, ils n'ont pas eu d'enfants écrivains, c'est-à-dire ayant réalisé une grande ascension sociale, et sont syndiqués afin d'avoir une unité de ce groupe permettant ainsi la comparaison et la confrontation de comportements. Les ouvriers interrogés ont eu une très large autonomie puisqu'on leur a demandé de raconter leur vie, leurs souvenirs, ce qui leur est arrivé dans leur existence A partir de leurs réponses, PENEFF a isolé six grands thèmes censés montrer les grands axes du contenu de leur discours. Cette étude permet donc de caractériser la représentation que les militants ouvriers ont de leur propre passé. [...]
[...] D'une manière générale, on peut se demander si l'approche qualitative, se basant sur un petit nombre de cas, peut prétendre à l'objectivité et si elle peut avoir une valeur de représentativité. Par exemple, l'expérience d'Olivier VERMONT[2] qui a passé dix mois dans six partis politiques français en 1994 le RPR, le PS, le PCF, le FN, le CDS et les Verts doit- elle être considérée comme un éclairage révélateur sur le militantisme dans les partis politiques en France ? Ou au contraire doit-elle être jugée comme une histoire personnelle ne pouvant idéalement refléter la situation de milliers de militants français ? [...]
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