Les apports des sciences sociales à la connaissance de la schizophrénie

Résumé du document

Si la psychiatrie et la psychologie se sont données pour objet l'étude et le traitement des pathologies mentales, le cours du 20ème siècle a vu des chercheurs en sciences sociales - chercheurs étant parfois comme Robert Barrett ou Grégory Bateson psychiatres de formation - s'approprier cet objet.
Ce document présente les travaux de Robert Barrett, Georges Devereux et Grégory Bateson sur la schizophrénie.

Extraits

[...] Pour lui, la personnalité ethnique moderne est la personnalité schizoïde. Il affirme que la société encourage des valeurs et comportements typiques de ce rapport au monde schizoïde. Ainsi, selon lui, le détachement, la réserve et l'hyporéactivité sont des comportements socialement valorisés. Ils correspondent dans la nosographie psychiatrique au groupe des symptômes négatifs du trouble. Eviter de manifester ses sentiments, se montrer froid et distant dans les relations interpersonnelles, et notamment dans les relations amoureuses sont des comportements socialement valorisés. Il me paraît assez judicieux ici de soulever ce point, mais il me semble qu'il convient d'apporter un peu de nuance. [...]

[...] Enfin, une troisième voie est celle qui consiste à éviter de provoquer des réactions dans l'entourage, en se repliant sur lui-même, le fameux repli autistique caractéristique des schizophrénies, et surtout de la schizophrénie catatonique pour les psychiatres. Il va également se développer dans une certaine ignorance de son moi et de ses désirs profonds. En effet, la seule position tenable afin de s'adapter à long terme à cet environnement familial pathologique est d'accepter le niveau littéral des messages émis par sa mère, y compris ceux le concernant. Il va complètement mettre de côté ses sentiments, lui apparaissant comme faux. Il doit, d'une certaine façon, s'ignorer lui-même pour éviter la punition. [...]

[...] J'aurais deux critiques à lui adresser sur ce point. Tout d'abord, il me semble, au delà du réductionnisme lié à l'opposition binaire primitif vs moderne que sa vision est très empreinte de culturalisme, et que selon les cultures le rapport au surnaturel peut énormément varier. Je trouve donc qu'il est assez réducteur de parler du rapport au surnaturel du primitif. Ensuite, de nombreux travaux anthropologiques ont souligné la rationalité dont font preuve nombre de peuples primitifs dans leur rapport aux êtres surnaturels. [...]

[...] Féru de philosophie et de sciences humaines, il m'a, au cours d'une de nos conversations, fait remarquer ce double bind institutionnel dans l'institution où nous étions. Et G. Bateson fait remarquer que les patients schizophrènes peuvent parfois faire preuve d'une relative clairvoyance quant à ce type de situation, que certains savent également mettre en œuvre de façon consciente afin de servir leurs intérêts dans certaines situations. Je ne suis pas qualifié pour juger de la validité de ce modèle explicatif formulé par G. [...]

[...] Si les symptômes schizophréniques restent florides et au premier plan de la symptomatologie, on doit garder le diagnostic de la forme clinique appropriée de schizophrénie 20.0 F 20.3 F 20.5 Schizophrénie résiduelle Stade chronique de l'évolution d'une maladie schizophrénique, avec une progression nette à partir du début jusqu'à un stade tardif caractérisé par des symptômes «négatifs» durables, mais pas obligatoirement irréversibles, par exemple ralentissement psychomoteur, hypoactivité, émoussement affectif, passivité et manque d'initiative, pauvreté de la quantité et du contenu du discours, peu de communication non verbale (expression faciale, contact oculaire, modulation de la voix et gestes), manque de soins apportés à sa personne et performances sociales médiocres. Etat résiduel schizophrénique. Restzustand (schizophrénique). Schizophrénie chronique indifférenciée. [...]