Alfred Gell, Victor Alexandre Stoichita, l'anthropologie et ses mondes, pensée motivique, pièges à pensée, arts visuels, musique, techniques de la fascination, dichotomie espace-temps, outil de la fascination, apports anthropologiques
Dans son article scientifique Pensée motivique et pièges à pensée : Musique, tissage et œufs de Pâques en Moldavie, publié en 2009 dans la revue L'HOMME, Victor Alexandre Stoichita cherche à identifier les techniques qu'emploient les Moldaves pour capter et fasciner l'œil et l'oreille de l'observateur, en comparant de manière innovante - puisque jusqu'alors on n'avait jamais comparé les arts visuels et la musique - trois artéfacts : Les tissus réalisés sur le métier à la tire, les œufs décorés et les mélodies jouées pendant les fanfares. Si au premier abord leurs ressemblances ne semblent pas clairement définies, on comprend très vite que ces objets présentent beaucoup plus de similitudes que de différences. Dès lors, on peut se demander quels facteurs provoquent la fascination de l'observateur. Comment est vécue celle-ci ?
[...] Stoichita s'appuie sur l'ouvrage « Art and Agency », dans lequel Alfred Gell décrit deux manières qu'a l'observateur de comprendre et lire l'art et qui amène celui-ci sur le chemin de la fascination : c'est-à-dire la pensée motivique[1] et les « pièges à pensée[2] ». C'est en suivant cette théorie de Alfred Gell, que Victor Alexandre Stoichita va entrevoir deux types de techniques : la première basée sur la perte de repère entre fond et formes et la seconde se fonde sur l'ordre et l'extrême précision des détails. A. Première technique : fond et formes On retrouve cette notion de « piège à pensée », lorsque l'observateur se lance dans la lecture d'un tapis, d'un couvre-lit tissé au métier à la tire. [...]
[...] Dès lors, on peut se demander quels facteurs provoquent la fascination de l'observateur. Comment est vécue celle-ci ? Dans quelle mesure a-t-elle un impact sur les aspects économiques et sociaux ? Pour tenter d'établir les principes généraux de la fascination moldave, nous commencerons par repérer les techniques de captation et de fascination qu'ils utilisent, puis nous étudierons la manière dont est vécu l'artéfact – outil de la fascination - dans le temps et l'espace et nous finirons par étudier ses apports anthropologiques. [...]
[...] L'artéfact matériel dans le temps L'œuf de Pâques est conçu comme son nom l'indique pour célébrer la fête de Pâques. Par conséquent, c'est un objet qui s'inscrit de manière ponctuelle et précise dans le temps. Si cet événement correspond à moment défini dans le temps, l'œuf même renforce cette idée de « temporarité » par sa fragilité de base qui s'intensifie lorsque celui-ci est vidé de son contenu au moment de sa fabrication. Contrairement à ce premier, les tissus fabriqués au métier à tisser à la tire se caractérisent par leur durabilité dans le temps. [...]
[...] C'est sur ce dernier évènement que nous conclurons. En effet, nous pouvons retenir que le mariage rassemble à lui seul, deux objets qui provoquent fascination et captation : l'un matériel qui s'inscrit durablement dans le temps, il s'agit des tissus, l'autre immatériel qui s'exerce dans l'espace au moment de l'évènement, c'est-à-dire les mélodies jouées par les Läutari. III. Les apports anthropologiques Victor Alexandre Stoichita relève un point très important dans son article « Pensée motivique et pièges à pensée : Musique, tissage et œufs de Pâques en Moldavie » : ces trois objets sont tous des éléments qui participent aux aspects économiques et sociaux des sociétés moldaves. [...]
[...] C'est là que le jeu du Läutari – musicien tsigane animateur d'évènements collectifs – est déterminant puisque son défi est de lutter contre la lassitude de la répétition des « motifs » musicaux en trouvant un point d'équilibre entre compréhension et incompréhension pour cela il peut s'amuser à modifier la composition existante en recombinant les morceaux. B. Seconde technique : ordre et minutie Pour explorer cette seconde technique, nous allons prendre l'exemple de l'œuf de Pâques dont la construction comporte autant d'étapes que de couleurs. Généralement la réalisation de l'œuf de Pâques suit l'ordre quadrichromique - blanc, jaune, rouge, noir - en trois bains successifs. [...]
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