La mode gothique en Angleterre au cours du XVIIIème et XIXème siècle, est due à une évolution des mentalités, ainsi qu'à des transformations politiques, économiques et sociales.
La première moitié du XVIIIème siècle montre une stabilité politique, après la révolution de 1688. En effet, l'Angleterre veut la paix, stabiliser ses acquis. Cette stabilité est également reflétée dans les arts qui illustrent une conception de la beauté liée à l'ordre et à la régularité. Les lieux de discussion s'animent avec de nouvelles idées.
L'enthousiasme et l'optimisme permettent le développement du commerce, ainsi que de multiples hypothèses émanent des philosophes et des savants sur le monde et la destinée humaine. L'homme se sent réconforté de vivre dans un monde rationnel, car il peut le dominer.
A cet optimisme, succède un malaise. En 1760, George III accède au trône. Le malaise social s'ajoute aux difficultés économiques. Chaque année, le peuple se met en grève se soulève. De plus, de nombreux éléments, tels que la perte des colonies américaines, la mécanisation de la production, la Révolution française, amènent une nouvelle atmosphère. Les années de règne de George III se révèlent difficiles. Le doute succède à l'optimisme de la première moitié du siècle. La révolution industrielle s'accompagne d'un exode rural et une nostalgie des temps anciens s'installe. Le « Spleen » est à la mode : les Anglais s'en inquiètent, car le taux de suicide est plus élevé en Angleterre qu'ailleurs. La mélancolie prouve un malaise, un mal de vivre, elle prouve également un retour au puritanisme, qui est caractérisé par une peur de l'Enfer et de la Mort.
Ce courant, mêlé de mélancolie et d'horreur, va croître pour donner le nouveau genre qui sera baptisé le Roman Gothique. Le premier roman Gothique est d'Horace Walpole, qui en 1764 publia Le Château d'Otrante.
Le Gothique devient une échappatoire du temps, en faisant un retour dans le passé, le plus souvent médiéval.
Le goût évolue, et on assiste au développement d'une nouvelle sensibilité, vers la seconde moitié du XVIIIème siècle. On est attiré par le mystère et la terreur, qui devient source de fascination. L'empirisme permet aux individus de découvrir la vérité par leurs sens.
Le Sublime est caractérisé par ce qui est inquiétant, sombre, gothique, infini. Il s'oppose au Beau, qui est aussi assimilé au plaisir.
Dans ce climat intellectuel, nous pouvons nous demander, comment le genre Gothique s'est développé en Angleterre. Ainsi, le sujet traitera du Gothique et son histoire, puis du Roman Gothique et enfin, nous verrons le portrait d'un auteur : Ann Radcliffe.
[...] Les lieux gothiques laissent rarement le visiteur indifférent. Un sentiment qui allie trouble, curiosité et crainte va naître en lui, qui plus est, va stimuler son imagination. L'auteur va donc jouer sur cette sensibilité tout au long de son récit, afin de tenir son lecteur en haleine. La demeure noire est souvent une construction moderne et non médiévale, située généralement située dans une grande ville, ce qui la distingue du château gothique perdu dans la nature. Elle est également le plus souvent inhabitée, voire inhabitable, car la nature a pris le pas sur la civilisation et envahit l'espace. [...]
[...] Les écrivains Romantiques ont une culture littéraire Gothique pour la plupart. L'héritage Gothique se perçoit aussi dans des œuvres des années 1830, considérées comme mineurs, qui ont été baptisées petits Romantiques par l'histoire littéraire. Ces auteurs ont hérité des aspects frénétiques du genre noir, c'est pourquoi ils furent appelés l'Ecole Frénétique. Ils retiennent surtout la violence de l'écriture, et l'utilisent afin de défier la rhétorique. Ils ont également une prédilection pour les thèmes macabres, avec une mise en scène de l'esthétique de l'horreur. [...]
[...] Des romanciers Gothiques, eux-mêmes, se sont prêtés au jeu de parodier le genre Gothique. La vague Gothique fut éclipsée également par le roman historique, qui apparut en masse vers 1820. Pourtant, la frontière entre les deux genres est très floue, car les auteurs se sont inspirés du roman Gothique qui avait déjà fait ses preuves auprès du public. Le genre fut baptisé gothico - historique et assura la continuité de la tradition gothique. La tradition Gothique est indissociable du mouvement majeur du XIXe, le Romantisme. [...]
[...] Le Gothique A. Le retour à une architecture Gothique Dès le titre, le cadre extérieur est mis au premier plan du roman Gothique. Ce dernier tiendrait sa source dans les ruines, qui d'après les superstitions, seraient hantées. Les ruines, par leur désordre et leur aspect provoquent le frisson et l'émoi, un mélange d'attirance et de répulsion, qui est causé par leur beauté détruite. Elles aspirent à un retour au passé. Dans les années 1760, les ruines correspondent à trois symboliques : elles peuvent évoquer l'âge d'or de la chevalerie, la survivance d'une époque historique pour les antiquaires, ou encore une époque ténébreuse pour le public du roman Gothique. [...]
[...] La relation entre architecture et personnage terrifiant est, au début du roman gothique, plus subtile. En effet, à ses débuts, le titre du roman annonçait un lieu qui était donc au premier plan, puis, dans son évolution, le lieu est relégué au second plan, au profit du personnage terrifiant, éponyme du roman. Cette évolution montre la prédominance du personnage terrifiant sur le lieu, mais les deux sont liés. Les deux sont soumis aux mêmes descriptions : ils dénoncent les mêmes signes annonciateurs de danger. [...]
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