Analyse sociologique d'un mouvement social : le mouvement des Gilets Jaunes

Thèmes abordés

Analyse sociologique, mouvement social, mouvement des Gilets Jaunes, révoltes ouvrières, prix de l'essence, inégalités sociales, Emmanuel Macron, pouvoir d'achat, irruption des foules, réseaux sociaux, vandalisme, Gabriel Tarde

Résumé du document

La notion de mouvement social s'est développée durant le début du 19e siècle alors que la classe ouvrière commençait à se constituer pendant la révolution industrielle et que des tensions entre dominants et dominés apparaissaient, dues aux mobilisations ouvrières. En 1811 débuta la première grande révolte ouvrière ; celle-ci restera gravée dans les annales des révoltes sociales. Depuis, de nombreux auteurs et sociologues tels que François Chazel, Alain Touraine, Gabriel Tarde, et tant d'autres, se sont penchés sur la question des mouvements sociaux, qui se sont développés au fur et à mesure des années. Le mouvement ouvrier n'étant plus l'acteur essentiel de nos sociétés, cela génère de nouvelles mobilisations des individus et ainsi l'apparition de mouvements sociaux.

Extraits

[...] Pour conclure, il faut remettre en lumière les caractéristiques originales de ce mouvement. La spontanéité de celui-ci a été marquante, son affirmation d'apolitisation, sa capacité d'organisation via les réseaux sociaux, sa brutalité et sa durée en sont les principaux. Au vu de ces éléments, nous pourrions nous demander si un mouvement social apolitique peut donner lieu à un dialogue entre un pouvoir en place et une population mécontente. C'est une question qui pourrait remettre en question la volonté première de ce mouvement social, à savoir imprimer un changement dans le pays. [...]

[...] C'est à ce moment que le mouvement des « Gilets Jaunes » a connu un tournant. Très vite, les manifestations se sont accompagnées de vandalisme, de violences urbaines et de dégâts infligés dans de nombreux endroits où elles eurent lieu. D'importantes forces de police sont alors mobilisées, occasionnant aussi de nombreuses blessures à la suite des affrontements. À l'heure actuelle, on dénombrerait 11 morts, près de 5 000 blessés et plus de 12 000 arrestations[2]. Sans entrer dans le détail des altercations entre les forces policières et les manifestants, il est intéressant de remarquer que malgré une importante répression, les groupes mobilisés ont poursuivi leurs manifestations sur une très grande durée. [...]

[...] Le mouvement des « Gilets Jaunes » en est ici l'illustration. Ayant duré presque huit mois, il a fait couler énormément d'encre à son sujet et a été original dans sa façon d'être organisé, de faire parler de lui et de mener ses actions. Tout d'abord, les réseaux sociaux (Facebook, surtout, mais aussi Twitter et Discord) ont joué un rôle prépondérant dans l'organisation du mouvement. Ces plateformes en ligne ont permis à quiconque de « rejoindre » le mouvement et de s'informer sur les actions à venir, sans présenter de réelle hiérarchie ou d'organisation formelle typique. [...]

[...] Il semble également important de parler de la manière de manifester des « Gilets Jaunes ». Pour commencer, ils ont appelé les individus à occuper les ronds-points. Il faut savoir que la France est réputée pour sa grande utilisation des ronds-points en matière d'activité routière. Puisque ces lieux sont avant tout fréquentés par des automobilistes, le gilet jaune de sécurité, obligatoire dans les véhicules motorisés, a été adopté comme symbole d'abord pour garantir la sécurité des manifestants sur les ronds- points et ensuite pour leur donner un signe distinctif. [...]

[...] Karl Marx expliquait déjà autrefois que la structure des rapports socio- économiques des moyens de production pouvait être l'une des explications des inégalités sociales, source de provocations de révoltes. C'est dans ce contexte global que naîtra le mouvement des « Gilets Jaunes », l'un des mouvements sociaux de France les plus importants des dix dernières années et qui marqueront le quinquennat d'Emmanuel Macron, Président de la République. De nombreux emplacements stratégiques aux yeux de la population furent occupés de façon quasi permanente par des groupes d'individus. [...]