Le Judaïsme antique est un des derniers ouvrages de Max Weber, qui vécut de 1864 à 1920, celui-ci étant publié en 1917-1918. Max Weber ne s'intéressa que très tardivement à la question juive, préférant étudier dans ses premières oeuvres de sociologie l'éthique protestante et son lien avec le capitalisme, ainsi que les religions orientales telles que le confucianisme ou l'hindouisme. Cependant, l'étude de la religion hébraïque antique en tant que phénomène sociologique éveilla l'attention de Max Weber sur deux points principaux : la première interrogation posée par l'étude du judaïsme antique est de comprendre le phénomène d'auto-marginalisation insufflé par les juifs ; la seconde étant d'analyser la religion juive comme moteur pouvant éveiller chez les fidèles des motivations pouvant même aller à l'encontre de leurs intérêts économiques.
[...] Nous allons voir que malgré des morcellements internes à la société juive, une unité est intrinsèque à cette communauté, leur permettant de faire des distinctions nettes entre leur peuple et les autres. Max Weber commence par une analogie entre le peuple juif et les tribus parias indiennes, en insistant néanmoins sur les différences existantes. En effet, la marginalisation des deux peuple est indéniable, cependant, il n'existe en aucun cas dans le peuple juif un système de castes. De plus, le judaïsme antique se base sur la promesse d'un renversement social futur, ce qui est totalement étranger aux tribus indiennes. Enfin, la marginalisation juive est liée à une éthique religieuse de l'action intramondaine, n'amenant donc pas à une isolation complète des membres du judaïsme.
[...] L'exil fut pour les Juifs un moment décisif dans le développement du judaïsme antique selon Max Weber, même si les prémices d'une mutation pouvaient se faire sentir un peu avant. En effet, comme nous l'avons déjà vu, la société juive intègre les métèques, assimilés au Gerim, dans l'ordre rituel. Il y avait donc à cette période une volonté de prosélytisme et d'expansion qui aura bien du mal à se perpétuer par la suite.
Suite à l'exil, les juifs durent s'adapter à l'absence du Temple, et se mirent donc à la spiritualiser. Il est d'ailleurs paradoxal de noter que c'est à cette époque que Jérusalem devint le seul lieu de culte officiel des Juifs. (...)
[...] Les prophètes développèrent cet enseignement, en s'appuyant sur les commandements. Ces derniers eurent au départ plus une valeur d'enseignement et d'éthique qu'une valeur religieuse et rituel. Les prophètes libres organisèrent donc la vie sociale, mais ils prirent également une place importante dans les affaires de politique extérieure, en approuvant ou dénonçant l'alliance avec l'Egypte ou l'Assyrie. La société juive s'organise donc autour de représentants religieux, ce qui fait d'elle une société basée essentiellement sur la religion et sur ses préceptes. [...]
[...] A la suite du développement de ses fondements, se développèrent de nouvelles tendances, de plus en plus attentifs à l'éthique et à la séparation rituelle. Ainsi les pharisiens prirent leur distance avec les Grecs et les autres Juifs car ils ne vivaient pas saintement. Les esséniens en firent de même en s'éloignant des impurs. Ce livre est donc une œuvre très complète, n'hésitant pas à insister sur le moindre détail. Cette masse d'information est le résultat d'un travail très complet de Max Weber, qui reste sur certains sujets encore, la référence incontestée. [...]
[...] Un peuple uni mais morcelé : a. Des statuts sociaux variés : Nous allons voir que malgré des morcellements internes à la société juive, une unité est intrinsèque à cette communauté, leur permettant de faire des distinctions nettes entre leur peuple et les autres. Max Weber commence par une analogie entre le peuple juif et les tribus parias indiennes, en insistant néanmoins sur les différences existantes. En effet, la marginalisation des deux peuple est indéniable, cependant, il n'existe en aucun cas dans le peuple juif un système de castes. [...]
[...] Le statut de martyr se développa donc, car en souffrant ils renouvelaient l'alliance. S'ensuivit une idéalisation de la situation de paria et l'acceptation patente de sa perpétuation. Le serviteur de Dieu ne pouvait être identifié à un sauveur personnel que dans la mesure où il endossait volontairement le statut de paria. Enfin, la destruction définitive du Temple mit fin à la prophétie de malheur pour le peuple d'Israël, mais la prédiction de malheur devint le produit d'une profonde aversion de ceux qui se détournaient de Yahvé. [...]
[...] Cependant, Max Weber s'interrogea sur le fondement du prosélytisme juif si la religion se basait sur une marginalisation assumée. Il dira d'ailleurs : Jamais une communauté religieuse de plus en plus bourgeoise n'aurait pu se mettre en position de paria et accueillir avec succès des prosélytes si elle n'avait pas été inspirée par les promesses des prophéties Le succès du judaïsme fut donc de faire aspirer aux hommes un monde meilleur, tout en leur faisant accepter leur condition. En effet, la peur de la guerre récurrente ressentie par le peuple juif amena des questionnements sur le courroux divin. [...]
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