Edmond Goblot (1858-1935), sociologue amateur de la bourgeoisie et de son mode de vie, publie en 1925 « la barrière et le niveau », une étude de la bourgeoisie française moderne. Cette étude sociologique se fonde sur une série d'observations non systématiques permettant d'avoir des informations sur le mode de vie de la bourgeoisie française dans le premier quart du 20e siècle.
[...] dit que la mode associe convenance (le fait d'être conforme) et invention. Ainsi, la mode exige l'invention et ne souffre ni limitation, ni copie servile. Mais, en tant que solidarité sociale, elle impose l'uniformité. Double côté de la mode (uniformité de la classe sociale, et inventivité pour tout juste se distinguer des autres) ; il faut savoir être distingué sans être excentrique, il faut avoir de la classe j'en suis, mais je suis un petit peu différent Il faut savoir être singulier sans se singulariser trop. [...]
[...] On peut être plus ou moins riche ou pauvre, mais on est bourgeois ou on ne l'est pas. Comment alors savoir si l'on est à ce niveau ? Ce qui contribue à la démarcation ce n'est pas tant la richesse que l'usage qu'on en fait. G. est conscient que la richesse s'acquiert. Mais la classe précède la profession. En effet, avant de faire le choix d'une carrière, on appartient déjà à une classe sociale par sa famille, ses relations (capital social), son éducation et sa culture. [...]
[...] Savoir être singulier sans se singulariser trop : la mode, le costume et la distinction Ce qui distingue le bourgeois, c'est la distinction. Comment définir cette distinction ? Elle doit être apparente, peu importe qu'elle soit superficielle. Cette distinction consiste souvent en des nuances, des petits riens qui font toute la différence. En particulier la manière dont les individus s'habillent : la question du costume, et de la mode. Le costume est le signe extérieur immédiatement saisissable des fonctions, des rangs et des classes sociales. Nous nous habillons surtout pour faire savoir qui nous sommes. En pensant à la mode, G. [...]
[...] La considération qui lui tient lieu de prestige est un avantage toujours disputé qu'il lui faut toujours maintenir et renouveler. La noblesse est une caste au sens où une caste est toujours de nature héréditaire. On ne devient pas un noble, on nait noble. La considération de la noblesse est héréditaire tandis que celle de la bourgeoisie doit être toujours maintenue et renouvelée. Autre différence entre caste et classe, la démarcation d'une classe est aussi nette que celle d'une caste. Seulement, la première est franchissable, alors qu'on ne peut jamais passer d'une caste à l'autre. [...]
[...] Ça veut dire que non seulement il y a des barrières à franchir entre les niveaux (discontinuité), mais encore qu'il ne s'agit pas seulement d'une question de ressources (financières), mais d'une question qualitative. On n'est pas plus ou moins bourgeois selon son revenu, on est bourgeois ou on ne l'est pas. Les caractères qui séparent les classes sociales doivent être qualitatifs ; ils sont communs à tous ceux qu'ils distinguent. La différence de classe se fonde sur toute autre chose que le simple revenu. On n'est pas sur une échelle continue, mais il y a des paliers avec des critères qualitatifs à remplir. [...]
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