La question ne sera pas ici de savoir si l'art doit échapper à la sociologie. Elle ne peut de toutes manières y échapper, dans la mesure où l'art est un fait inscrit dans la société, un fait social. La question sera plutôt de voir comment les sciences humaines peuvent s'occuper de l'art sans lui faire une place particulière et si elles réussissent pour autant à le respecter dans ses spécificités. Peut-on arriver à juger sans jugement de valeurs ? Oui, nous répond Bourdieu en connaissant la place que l'on n'occupe soi-même. Il faudra voir aussi dans quelle mesure l'art dans son caractère inexplicable résiste à l'explication
[...] Une analyse bourdieusienne du champ artistique conduit-elle à désenchanter l'art ? En va-t-il de même d'une analyse matérialiste ? Introduction L'art peut-il être réduit sans être détruit ? La sociologie, mais aussi les sciences sociales en général, peuvent-elles, alors qu'elles ne font pas partie elles-mêmes du domaine artistique, parler de l'art, le synthétiser, y appliquer ses schèmes de pensée, ses grilles de lecture, sans pour autant, du même coup, le détruire. Entendons-nous : l'idée est largement véhiculée que ce qui fonctionne dans l'art est de l'ordre de l'émotionnelle, du sentiment, du mystère (quasiment au sens ancien). [...]
[...] Il voit l'expérience esthétique comme étant forcément une illusion aliénante qui nous incite à consommer et à rester dominé. d. Conclusion : l'art est réduit et détruit (en tout cas dans sa forme actuelle c'est-à-dire bourgeoise). Quand désenchantement rime avec destruction Voir l'art comme un instrument de pouvoir n'est pas en soi contestable. Personne ne peut nier par exemple l'aura (qui est une forme de pouvoir) que l'artiste, ou que celui qui est dit tel, possède. Pour autant ranger ce pouvoir du seul coté bourgeois tue toutes initiatives, toutes libertés artistiques, et toutes contre-cultures, pourtant existantes (même minoritairement). [...]
[...] Le matérialisme incorpore l'art à son schème de pensée et opère des jugements de valeurs a. Qu'est ce que l'art pour l'analyse matérialiste ? L'analyse matérialiste est une vision globale des forces sociétales et de l'histoire réduisant l'art à l'analyse classique qu'elle fait des forces de production. L'art est un instrument des classes dominantes visant à perpétuer la place de dominants et à renforcer l'économie de marché par la création de nouveaux marché. b. L'art peut-il être considérer comme un instrument sans être détruit ? [...]
[...] Ni liberté totale (comme l'est l'existentialisme) ni déterminisme absolu (comme semble l'être l'analyse matérialiste), l'analyse bourdieusienne montre un individu en tension entre habitus et position, et qui, dans le champ artistique, est à la fois dominé par la structure tout en même temps qu'il trouve son compte dans sa fréquentation. L'art et la science ne sont ici plus antagonistes mais sont plutôt des cousins . aux visages différents. Bibliographie P. Bourdieu, Mais qui a créé les créateurs. P. Bourdieu, Les règles de l'art. [...]
[...] Bourdieu cherche à montrer que l'acteur principal n'est pas seulement l'artiste mais l'ensemble du champ producteur consommateur (d'où le terme révolution copernicienne). c. Danser dans les chaînes Cette expression correspond assez à l'analyse bourdieusienne : l'acteur, et notamment l'artiste, n'est pas complètement déterminé. Il peut réagir. Mais il n'est pour autant jamais coupé de ce qui l'a constitué (habitus) ni de ce qu'il est (position) ou peut être (possible). Le champ est en perpétuelle tension et mouvement du fait de l'ensemble et de ces composants. d. [...]
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