Comme le dit le titre de la première partie du premier chapitre du texte de François de Singly, l'adonaissant n'est pas un adulte. L'idée courante selon laquelle ils seraient pourtant considérés comme tels n'est alors pas recevable. Le mythe de "l'enfant roi" se nourrit en fait d'une mauvaise compréhension des transformations conceptuelles intervenues en Europe et en Occident concernant l'individu et par voix de conséquence concernant notre regard sur l'enfant.
Si ces transformations nous portent à considérer l'enfant comme une personne à part entière (par la reconnaissance de certains droits par exemple), elles n'engendrent pas une perte totale de l'autorité que peuvent exercer les parents sur leurs enfants.
Un certain nombre d'indices, les contraintes horaires par exemple, nous permettent au contraire d'affirmer que cette autorité s'exerce bel et bien. Ce qui change avant tout, c'est le fait de reconnaître l'enfant comme un "individu", et cette reconnaissance engendre une modification des pratiques éducatives.
[...] C'est donc en premier lieu à l'éducateur de faire un travail de connaissance de cette nature spécifique. L'éducation préconisée par Rousseau est une éducation profondément respectueuse de l'enfant, elle reconnaît à ce dernier une spécificité qui le distingue radicalement de l'adulte. Il n'est plus question de chercher l'homme dans l'enfant mais au contraire d'amener ce dernier à devenir cet homme grâce à une éducation spécifique. Cette éducation a pour but la recherche d'une véritable humanité et ne peut se dispenser de respecter la croissance intime de l'être. [...]
[...] Or ce dernier, au travers de la figure de Françoise Dolto contribuera largement à poser l'enfant comme un individu à part entière. Progressivement, le rôle des parents a changé, leur mission n'est plus simplement de transmettre des valeurs, ils doivent faire en sorte que l'enfant puisse les produire lui-même. Ainsi, ils quittent les habits du roi tout-puissant pour prendre deux autres rôles : d'une part celui d'interprète de l'identité cachée de l'enfant qui ne se révèle que peu à peu tout au long de la vie, d'autre part celui d'aide chargé de créer les conditions favorables à cette invention de soi . [...]
[...] Ce changement de rôle entraîne avec lui un profond remaniement des valeurs parentales. C'est de ce remaniement qu'il va être à présent question changement de regard et réaménagement des valeurs L'autonomie, un nouvel horizon éducatif L'un des héritages majeurs de la pensée des Lumières est de poser l'autonomie du sujet comme valeur suprême. Oser penser par soi-même, avoir le courage de se servir de son propre entendement et sortir ainsi de sa minorité pour atteindre sa majorité, voilà ce que nous préconise Kant dès le premier paragraphe de son texte Qu'est-ce que les Lumières . [...]
[...] L'adonaissant, un être sous contrôle Comme le dit le titre de la première partie du premier chapitre du texte de François de Singly, l'adonaissant n'est pas un adulte. L'idée courante selon laquelle ils seraient pourtant considérés comme tels n'est alors pas recevable. Le mythe de ‘l'enfant roi' se nourrit en fait d'une mauvaise compréhension des transformations conceptuelles intervenues en Europe et en Occident concernant l'individu et par voix de conséquence concernant notre regard sur l'enfant. Si ces transformations nous portent à considérer l'enfant comme une personne à part entière (par la reconnaissance de certains droits par exemple), elles n'engendrent pas une perte totale de l'autorité que peuvent exercer les parents sur leurs enfants. [...]
[...] Or, pour certains sociologues[13] l'obéissance est une valeur encore très forte dans certains milieux. Dans les milieux populaires par exemple, le père reproduirait à l'intérieur du foyer le rapport autoritaire qu'il connaîtrait dans l'entreprise. On pourrait alors s'attendre au fait que les milieux populaires rejettent les valeurs d'indépendance et d'autonomie. Or comme le montre encore l'enquête d'Alwin, il n'y a pas de différences significatives entre les milieux sociaux. L'indépendance est une qualité plébiscitée dans tous les milieux et suppose un réaménagement des pratiques dans chacun d'entre eux l'enfant comme ‘chef de la famille'[14] un mythe infondé L'essor de l'autonomie et de l'indépendance combiné au déclin de l'obéissance aurait pour conséquence perverse d'inverser les rôles au sein de la famille. [...]
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