Abstention comportement apolitique
Lors des dernières élections cantonales de 2011 en France, le taux d'abstention bat un record avec 55,63% des 21 millions d'électeurs appelés aux urnes pour renouveler les 2.026 sièges de conseillers généraux ne se sont pas déplacés. Cependant, ce nouveau record d'abstention en France s'inscrit dans la lignée d'une abstention de plus en plus croissante depuis ces vingt dernières années, avec une baisse de la participation électorale pour les différents scrutins en particulier présidentiels, législatifs, et européens. C'est donc à juste titre que nous pouvons nous interroger sur les causes et les interprétations de l'abstention, qui selon David Alcaud se définit comme « l'une des alternatives devant lesquelles, si l'on en croit A.O. Hirschman, se trouve un individu qui souhaite faire montre de son mécontentement : la défection qui s'opposerait à la prise de paroles et à la loyauté silencieuse. Toutefois, dans le domaine politique, on y fait essentiellement référence pour traiter d'un type d'abstention particulier, défini comme la non-participation d'un électeur à un vote auquel il est convoqué. »
Un comportement apolitique se qualifie comme une manière de se conduire qui « qui se place en dehors de la politique, qui professe la neutralité en matière politique ».
Or, Guy Hermet distingue deux formes d'apolitisme avec « un apolitisme passif qui s'analyse en fait comme une indifférence des gouvernés, c'est-à-dire un degré zéro d'attention et d'intérêt à la scène politique, ses acteurs, ses débats, ses règles de fonctionnement. Cette différence peut résulter de causes variées : éloignement physique, fossé culturel qui nourrit l'ignorance, déception politique, repli sur les préoccupations purement privées ou professionnelles. Toutes, néanmoins, renvoient au sentiment d'une distance décisive par rapport aux enjeux du pouvoir politique. »; et un apolitisme passif, « une attitude revendiquée de soustraire certains problèmes ou certains domaines aux luttes partisanes et aux enjeux politiques ».
Problématiques : L'abstention électorale est-elle de façon systématique synonyme d'indifférence vis-à-vis du politique?
L'abstention délégitime-t-elle pouvoir politique ou participe-t-elle à la vitalité démocratique ?
[...] L'abstention serait par conséquent liée à un capital social insuffisant. Transition : A côté de l'abstention passive, par indifférence ou désintérêt, se développent des formes actives et assumées de refus de vote, porteuses d'un message politique, dans des catégories de la population qui jusqu'ici prenaient régulièrement le chemin des urnes Sociologie des comportements politiques, Nonna Mayer ( L'abstention peut être aussi un comportement assumé, voire revendiqué des citoyens, notamment par l'abstention dans le jeu II) L'abstention participe à la vitalité démocratique, en développant un nouveau modèle de démocratie non conventionnel dans le jeu : - JAFFRÉ & MUXEL, définition de l'abstentionnisme dans le jeu : Elle correspond à cette part des abstentionnistes qui restent en dehors de l'acte électoral tout en étant fondamentalement impliqués dans la vie sociale et politique. [...]
[...] Elle favorise la formation d'un nouveau modèle de citoyenneté tout en obligeant le pouvoir politique à prendre en compte l'abstention comme nouvelle forme légitime d'expression politique. Bibliographie : David ALCAUD, Dictionnaire de sciences politiques, Dalloz Dictionnaire Le petit Larousse Guy HERMET, Dictionnaire de la science politique et des institutions politiques, Armand Collin Nonna MAYER. Sociologie des comportements politiques, Paris : Armand Colin Céline BRACONNIER, Jean-Yves DORMAGEN. La démocratie de l'abstention. Aux origines de la démobilisation électorale en milieu populaire, Paris : Folio Jérôme JAFFRÉ, Anne MUXEL. [...]
[...] La participation varie selon la nature de l'élection et son caractère plus ou moins décisif. Dans un pays comme la France, où l'hôte de l'Elysée concentre l'essentiel des pouvoirs, les scrutins présidentiels sont toujours plus mobilisateurs que les scrutins parlementaires, et les seconds tours plus que les premiers - Selon Samuel Huntington The Unites States in Michel Crozier et al., The crisis of Democracy, New York University Press, 1975), le fonctionnement efficace du système politique démocratique requiert habituellement une dose d'apathie et de non-engagement de la part de quelques individus et groupes ( Trop de participation se traduirait par un trop plein de passions politiques et à une incapacité pour les gouvernants d'agir sans risquer de sombrer dans la démagogie + risque de la participation d'abstentionnistes hostiles à la démocratie et qui pourraient déstabiliser le bon fonctionnement du système politique, d'où la nécessité et l'importance du rôle politique de l'abstention dans la démocratie. [...]
[...] Plan : L'abstention est un comportement apolitique ou hors jeu selon des facteurs d'explication matériels et d'intégration à la vie politique : ( Typologie de Jérôme JAFFRÉ, Anne MUXEL. S'abstenir : hors du jeu ou dans le jeu politique Définition de l'abstention selon la perspective hors jeu : être hors jeu, c'est se positionner par défaut. Défaut d'expression, défaut de participation, défaut d'orientation, défaut de filiation. Les hors-jeu sont ceux qui ne votent pas ou qui votent autrement, blanc ou nul. [...]
[...] ( Cas de la présidentielle de 2002 avec la présence de Jean-Marie Le Pen au second tour, relance le civisme local Second tour permet de tirer des informations et des leçons du premier tour. D'un coup à l'autre, la stratégie de l'électeur est nécessairement différente. Au premier coup, elle est vouée à être plutôt prospective. Elle dépend des informations imparfaites qui circulent sur le comportement possible d'autrui Au second coup (second tour ou seconde élection, selon le laps de temps écoulé), la stratégie de l'électeur devient rétrospective ou réactive. Il n'est pas faux de dire qu'au premier tour on choisit et qu'au second tour on élimine. [...]
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