Le vieillissement de la population : dimension et enjeux

Thèmes abordés

vieillissement de la population, troisième âge, travail des seniors, vieillesse, espérance de vie

Résumé du document

Le XXe siècle a vu l'apparition d'une nouvelle donne démographique. En Europe, la réduction de la natalité, la baisse de la mortalité grâce aux progrès de la médecine ont donné lieu à un vieillissement subit de la population, décrit sous le terme de « vieillissement démographique ». Alfred Sauvy, présentant les problématiques posées par cette nouvelle donne, disait déjà en 1928 que « une pays qui vieillit est un pays condamné ». Mais c'est en ce début de XXIe siècle que la réalité du phénomène prend toute son ampleur. Dans un rapport d'une session sénatoriale datée du 16 décembre 1999, portant sur Les conséquences macroéconomiques du vieillissement démographique, il est noté que « l'on peut considérer comme inéluctable la croissance rapide du nombre et de la proportion des personnes âgées jusqu'au milieu du siècle prochain », considérant l'arrivée à l'âge de la retraite de la génération des baby-boomers comme le premier grand défi lancé par le vieillissement démographique.
En 1976, l'hebdomadaire Le Nouvel Economiste considérait que la catégorie « troisième âge » composait en France « un électeur sur trois » et « un consommateur sur cinq ». De tels chiffres en témoignent : le vieillissement de la population est une réalité avec laquelle il nous faut aujourd'hui composer, car cette classe sociale à part-entière que sont les « vieux » influent directement sur le fonctionnement de la société. Serge Guérin, dans son ouvrage L'invention des Seniors, concluait déjà « ils ne doivent pas être un problème pour la société, puisqu'ils sont la société ».

Extraits

[...] A – La problématique financière Le rapport s'attarde spécifiquement sur ce qu'il appelle le ratio des inactifs par rapport aux actifs, qui permet de déduire la charge des plus de 60 ans sur les 20-60 ans, permettant alors de mesurer le problème du financement des retraites. Ainsi mesuré, le taux de dépendance permet de considérer qu'il y a aujourd'hui près d'un inactif retraité pour 2 actifs. Cela annonce donc une forte croissance de la dépendance des personnes âgés, et un réel poids subit par les actifs. C'est un tel constat qui a enclenché la réforme des retraites au deuxième semestre 2010, qui même si elle est contestée et contestable, a la mérite d'équilibrer les mécaniques comptables des retraites. [...]

[...] En 2050, ils seront deux milliards, soit un quart de la population mondiale. Aujourd'hui en France, un nouveau senior « naît » toutes les 37 secondes, contre une vraie naissance toutes les 42 secondes. Nous sommes bien entrés dans l'ère du « Continent Gris », selon la formule de Nicole Lapierre. Cela pose forcément des problèmes, mais la vieillesse a-t-elle toujours été considérée comme problématique ? 1° La perception des « vieux » Il est évident qu'aujourd'hui la perception des séniors est largement négative. [...]

[...] L'expérience acquise par les plus anciens pourrait alors ressurgir sur les plus jeunes. B – Vers un nouveau système de solidarité On a aujourd'hui tendance à opposer les générations, comme dans le monde de l'entreprise où on oppose les juniors aux séniors, sans penser que les uns et les autres peuvent coopérer de manière à s'enrichir mutuellement. Il ne faut pas non plus faire l'impasse sur l'importance des aides monétaires et humaines qui se développent dans la cellule familiale ou, plus largement dans l'ensemble des relations sociales. [...]

[...] Un article paru dans Rue 89 en 2010, intitulé « A la maison de retraite, amour, sexe et autres contrariétés » (que je vous invite à lire), montre la dichotomie qui s'est opéré entre la représentation mentale que l'on se fait des vieux et la réalité de leur vie, encore étonnamment active pour leur âge. L'article conclut sur le fait que trop souvent, la vieillesse est infantilisée alors qu'au contraire, elle devrait être respectée. B – Une vieillesse active et productive Dans son ouvrage, Serge Guérin considère que les jeunes retraités (50-70 ans) bénéficient maintenant d'atouts que nos ancêtres n'avaient pas : le temps disponible, le pouvoir d'achat et la santé. La notion de vieillissement rejoint alors la signification anglo-saxonne du grow old : c'est une période de progrès individuel encore aujourd'hui. [...]

[...] Cet exemple symbolise l'absence de passéisme de cette catégorie de la population, dont on craignait en 1999 qu'elle consomme moins, produise moins. La vieillesse du XXIe se bâtit de façon moderne et active, et des initiatives comme les Universités du Temps Libre montrent qu'un pays en vieillissement démographique n'est pas un pays un déclin, en déplaise à Alfred Sauvy. 2° Valoriser la vieillesse A – La valorisation du travail des seniors Mais être vieux ne signifie pas forcément être retraité. [...]