Nous allons nous intéresser à la genèse de l'ordre politique tel que nous le connaissons aujourd'hui dans les sociétés occidentales - et plus particulièrement européennes. Cette analyse nous conduira à traiter de l'émergence de l'Etat moderne.
Ce retour sur l'histoire va nous permettre de rompre avec notre vision spontanée des choses et notamment de montrer que la forme étatique, tout comme la compétition politique n'a pas de tout temps existé et qu'elles sont - l'une et l'autre - le produit de processus complexes qui peuvent expliquer, on le verra, les formes qu'elles revêtent aujourd'hui.
Avant de revenir dans le détail sur la genèse de l'Etat et sur la construction de la compétition démocratique moderne, j'aimerais m'arrêter dans une introduction assez large sur la notion d'ordre politique.
Introduction générale : la notion d'ordre politique
Qu'entendons-nous lorsque nous nous référons à l'ordre politique - qui sera l'objet de notre étude tout au long du cours ?
Cette notion renvoie en fait à deux idées principales concernant les formes que revêt la compétition politique aujourd'hui :
1) la lutte politique est une lutte pacifique (compétition)
2) c'est une compétition réglementée (jeu)
1) La lutte politique est une lutte pacifique.
En effet, la notion d'ordre politique souligne en premier lieu le caractère pacifique de la compétition politique. Car aujourd'hui ce ne sont plus les insurrections, les coups de force ou les révolutions qui déterminent les rapports de force au sein de la compétition politique. En d'autres termes, la conquête du pouvoir politique ne se fait plus par la force. Bien au contraire la dévolution du pouvoir s'effectue par le biais de procédures pacifiques, qui plus est juridiquement codifiées : les élections.
Bien sûr, les mouvements de violence et les tentatives de coups de force ne sont pas totalement absents de la compétition politique démocratique. Mais l'usage de la force ? et ce point est capital ? est désormais considéré comme étant illégitime (...)
[...] > Repose sur la croyance, et plus précisément, sur la croyance dans la légitimité du pouvoir . Domination suppose consentement de celui qui obéit et légitimité de celui qui commande. > Deux éléments sont indissociables : le consentement fonde la légitimité. * légitimité = qualité du pouvoir dont l'acceptation se fonde non sur la coercition comme ressource première, mais sur le consentement réputé libre de la population qui s'y trouve soumise * légitimité reconnue du pouvoir induit le consentement. > Deux apports de cette approche de la domination : * Souligner l'importance de la croyance dans la relation de pouvoir : le pouvoir repose en fait moins sur la force et l'intimidation de ceux sur lesquels il s'exerce que sur l'acception par ces derniers du bien fondé de ce pouvoir qui les assujettis. [...]
[...] Pourquoi ont-elles convergé (à des rythmes variables) vers une forme de domination politique qui tend à devenir un modèle ? Premier préalable : L'Etat n'est pas une organisation comme les autres Si l'Etat est un objet canonique de la science politique, le plus étudié, c'est dans le même temps l'un des objets les plus délicats à étudier, celui dont la connaissance pose le plus de problème au sociologue. Car, l'Etat n'est pas une organisation comme une autre. C'est d'abord une organisation qui détient le monopole de la violence physique légitime sur l'ensemble d'un territoire. [...]
[...] Etude socio-historique du processus en Occident : * invention de l'Etat moderne s'amorce en France et en Angleterre à partir du XIIIe siècle. * Etat qui, par sa familiarité, nous apparaît comme la forme la plus évidente, la plus naturelle n'est qu'un mode parmi d'autres d'inscription du politique dans la société, caractérisé par la construction d'un appareil (plus ou moins développé) différencié du reste de la société et spécialisé dans cette fonction de régulation. * Malgré ses formes différentes selon les sociétés, l'Etat comme mode de régulation politique, comme mode d'exercice du pouvoir politique, se distingue toujours des formes diffuses et invisibles du contrôle social. [...]
[...] Par conséquent un homme politique ce n'est donc pas seulement un homme qui prétend conquérir et exercer le pouvoir ; c'est aussi et peut-être même d'abord quelqu'un qui donne à voir le monde tel qu'il le perçoit, ou tel qu'il se l'imagine et qui cherche à imposer à tous cette vision du monde qui est la sienne > un producteur de représentations du monde. Telle est donc la première dimension de la compétition politique démocratique que souligne la notion d'ordre politique : une lutte pacifique parce qu'essentiellement symbolique. Or, comme on va le voir dès aujourd'hui en abordant le premier chapitre du cours, cette dimension est étroitement liée à l'apparition de l'Etat moderne. Car ce qui distingue l'Etat de tous les autres types d'organisations, c'est qu'il détient le monopole de la violence physique légitime. C'est même pour M. [...]
[...] > s'il y a effectivement eu rationalisation des modes de domination, cette tendance générale n'empêche toutefois pas les autres modes de persister Weber ne nous dit pas comment s'est opérée cette rationalisation . Constate l'évolution sans proposer d'explication, sans dire en particulier quels sont les facteurs qui ont conduit à l'émergence de la bureaucratie . Pour comprendre davantage ces mécanisme, il faut se pencher sur l'histoire concrète et sur les éléments qui ont conduit - et même provoqué ce processus de rationalisation. Bibliographie : Yves Déloye, Sociologie historique du politique, La Découverte, 2ème éd ; et B. Badie et P. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture