Sociologie des organisations - Les précurseurs : Max Weber et Karl Marx

Thèmes abordés

Sociologie des organisations, précurseurs, Max Weber, Karl Marx, révolution industrielle, bureaucratie, capitalisme, éthique protestante, production moderne, consommation, valorisation du travail, confucianisme, désenchantement du monde

Résumé du document

Les premières interrogations sociologiques sur les organisations naissent dans la seconde moitié du XIXe siècle. Elles émergent alors que les sociétés connaissent des mutations sociales, économiques et politiques fondamentales. Ce que les sociologues observent en fait, ce sont les effets de la première révolution industrielle, tels l'urbanisation, la formation de la classe ouvrière, l'exode rural, le déclin des groupes traditionnels hérités de l'Ancien Régime, la transformation de système politique avec l'essor des États-nations, etc.
Les sociologies qui prennent corps sont celles des pères fondateurs (Durkheim en France, Weber, Marx en Allemagne). Elles sont toutes à leur façon pessimistes. Le phénomène organisationnel n'intéresse pas encore ces sociologues puisque les premières grandes organisations industrielles et administratives sont en train de naître. Néanmoins, on peut repérer dans leurs travaux des éléments explicatifs importants.

Extraits

[...] Le Confucianisme et le Taoïsme ont été les premières religions universelles vers lesquelles Weber s'est tourné dans ses essais comparatifs des religions. C'est autour de la triade ville/prince/dieu que Weber organise sa sociologie religieuse de la Chine. Il met en avant plusieurs raisons pour expliquer la différence entre le monde urbain occidental propice à la rationalisation économique et le monde chinois. Reprenons quelques arguments : o la masse de la population chinoise est telle qu'il est impossible d'organiser la production agricole sur le modèle des grandes exploitations occidentales ; le critère d'ancienneté dans la fonction publique se traduit par un fonctionnariat patrimonial ; Cependant, Weber qui veut comprendre pourquoi cet empire pacifié comparable à la Mésopotamie n'a pas connu de revirement idéologique vers le capitalisme rationnel, s'est remet finalement à la preuve des qualités charismatiques attachées à la personne de l'empereur, le monarque à la grâce de Dieu . [...]

[...] Il ne peut y avoir d'organisation sans salariat de masse. C'est la bourgeoisie, explique Marx, qui a transformé les relations de travail traditionnelles en relations marchandes rationnelles, faisant en sorte que le travail devienne une valeur d'échange. C'est elle, par son action qui a fait effacer, qui a détruit les conditions féodales, patriarcales de l'Ancien Régime. C'est elle qui a transformé l'homme en travailleur salarié et c'est de ces travailleurs salariés que les grandes organisations industrielles vont naître. Le capitalisme s'organise autour de rapport de production où le travailleur échange son travail contre un salaire, le capitalisme suppose le salariat et la bourgeoisie. [...]

[...] Ce sont rarement des institutions où le pouvoir est d'origine traditionnelle ou d'origine charismatique. Dans le monde moderne en définitive, on doit s'attendre à ce que les institutions dominantes soient rationnellement organisées et à ce que leur pouvoir soit légal-rationnel. La modernité rationaliste appelle aux déclins des institutions traditionnelles , autrement dit, dont la finalité n'est pas dépendante d'un objectif rationnellement défini. De fait, la bureaucratie rationnelle est le meilleur support de la rationalisation. On doit s'attendre dans le monde moderne au développement de grandes organisations bureaucratiques, car elles sont, en théorie, le meilleur support de la rationalisation des activités . [...]

[...] Paradoxalement, cela explique le succès des productions - comme les films tels que le Seigneur des anneaux, ou Harry Potter - qui font beaucoup de place au merveilleux. On aboutit à l'énoncé sociologique suivant : le monde moderne (la modernité) est de plus en plus désenchanté parce que les individus ou les groupes adoptent des comportements de plus en plus orientés par une finalité (comportement rationnel en finalité ou téléologique C'est la glaciation éthique . Organisation et quête de rationalité croissante Le processus de rationalisation n'est pas un phénomène récent. [...]

[...] Tome I : Les catégories de la sociologie , éditions Plon, agora Pocket, Paris ; Tome II : L'organisation et les puissances de la société dans leur rapport avec l'économie , éditions Plon, agora Pocket, Paris Sociologie des religions par Max Weber, éditions Gallimard, Bibliothèque Sciences humaines , Paris L'ouvrage regroupe trois articles majeurs de Weber : Économie et société (1910-1913) (Wirschaft und Gesellschaft) ; L'EERM : L'Éthique économique des religions mondiales (1915-1920) et Recueil d'études de sociologie des religions (1920). Essais sur la théorie de la science (1951) éditions Agora Pocket. [...]