Socio-Histoire des traditionalismes
[...] Ils arrivent à obtenir le remplacement du ministère Fouché-Talleyrand, deux acteurs de la Révolution et de l'Empire, imposent au premier gouvernement Richelieu (1815-1818), le vote de lois répressives ( suspension des libertés individuelles, épuration dans l'armée, mesures symboliques rompant avec la Révolution Cependant, ils ne parviennent pas à s'attaquer à l'essentiel (l'Université, le Concordat), montrant ainsi les premières faiblesses du mouvement ultra. - Les tentatives d'adaptation aux médias modernes : l'utilisation des journaux. Minoritaire au début de la Révolution, avec La Gazette de Durozoi ou encore L'Ami du Roi de l'abbé Royou, enrichie par la suite par La quotidienne, Le journal des débats, le Drapeau Blanc, ou encore Le Conservateur de Chateaubriand, la presse ultra est vigoureuse, éditée à grand tirage, et diffusée dans les salons de provinces, ce qui permet une large diffusion des idées ultras. [...]
[...] On verra ainsi que les traditionalismes ne sont pas à proprement parler des doctrines bien établies, reposant sur des corpus doctrinaux précis, doctrines que l'on puisse distinguer les unes des autres. Il s'agit plutôt de sensibilités d'un air de famille qui se caractériserait avant tout négativement, c'est-à-dire contre ou en réaction au libéralisme politique. La tradition renvoie en fait à un ordre d'idée qui s'oppose à celui des Lumières ou même à l'idée de modernité politique ; le point commun est le refus. [...]
[...] Pour lui, le moment clé se joue autour de 1870 (donc de façon assez récente) et non pas autour de 1789 (où il n'y a qu'une cohésion administrative). La France campagnarde d'avant 1870 se caractérise par la méfiance par rapport au citadin (la ville réprime et perçoit l'impôt) ; il s'agit de micro-sociétés repliées sur elles mêmes avec très forte homogénéité sociale et culturelle (en raison de l'endogamie, de barrières à l'entrée, de l'utilisation des patois) ; le type d'économie est autarcique, attaché aux pratiques familiales et communautaires, animé par le troc et imperméable à la notion de productivité. [...]
[...] Il s'agit de la théorie de la contagion mentale de ces caractéristiques de la foule vers l'individu qui devient ainsi un émeutier en puissance, d'autant plus mobilisable qu'il peut exister des meneurs qui vont faire naître et manipuler ces foules dans un but politique (Le Bon pense bien sûr aux agitateurs socialistes). Dans un ouvrage pionnier et désormais classique, Les partis politiques, Roberto Michels démontre qu'aucun parti, même les plus progressistes et démocratiques (en l'occurrence le parti social-démocrate allemand qui est la matière du livre), ne peut échapper à une fatalité organisationnelle : le pouvoir de décision est confisqué par une minorité qui consacre une part importante de son énergie à le conserver et si possible à l'étendre. [...]
[...] Karl Deutsch : les nations se construisent quand le développement de l'économie mobilise les populations en les insérant progressivement dans des réseaux de plus en plus denses d'échanges de toutes natures, notamment par les communications de masse. Cf. E. Gellner : ce sont les nationalismes qui créent la nation en raison des conditions objectives des sociétés modernes et de leur exigence : l'expansion du capitalisme et l'essor des marchés rendent nécessaire un décloisonnement linguistique du territoire, rendu possible par une centralisation de l'éducation par l'Etat. Il y a donc à la genèse des Etat-nation un important travail d'homogénéisation culturelle opéré par des historiens, des philologues ou des grammairiens. [...]
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