La persistance de l'inégalité des chances à l'école constitue une forte remise en cause de l'idéal méritocratique des sociétés démocratiques contemporaines. Aussi, les débats sur l'origine de cette inégalité scolaire conservent une forte actualité, comme en témoignent les premières mesures adoptées par Luc Ferry, ancien ministre de l'Education Nationale, sur la mise en place d'un plan d'action contre l'illettrisme et l'échec scolaire.
L'inégalité des chances à l'école correspond aux situations où, loin de dépendre de qualités intrinsèques à l'individu, la réussite scolaire reste conditionnée par son origine sociale. Quelle est la place des inégalités économiques ? (c'est-à-dire d'une distribution déséquilibrée des revenus et du patrimoine) dans ce processus ? D'autres facteurs sociaux ne contribuent-ils pas à une remise en cause de l'école dans son action de promotion des mérites individuels ? (...)
[...] De quoi les inégalités des chances de réussite à l'école résultent-elles (Bourdieu, Boudon ) ? Introduction : La persistance de l'inégalité des chances à l'école constitue une forte remise en cause de l'idéal méritocratique des sociétés démocratiques contemporaines. Aussi, les débats sur l'origine de cette inégalité scolaire conservent une forte actualité, comme en témoignent les premières mesures adoptées par Luc Ferry, ancien ministre de l'Education Nationale, sur la mise en place d'un plan d'action contre l'illettrisme et l'échec scolaire. L'inégalité des chances à l'école correspond aux situations où, loin de dépendre de qualités intrinsèques à l'individu, la réussite scolaire reste conditionnée par son origine sociale. [...]
[...] C'est seulement depuis les années 1970 que les filles ont comblé leur déficit de scolarisation dans les enseignements secondaires et supérieurs. Elles sont aujourd'hui plus nombreuses que les garçons à obtenir le baccalauréat et à s'inscrire dans des études post bac. Même si elles restent souvent cantonnées dans les filières les moins valorisées, elles connaissent des taux de réussite supérieurs à ceux des garçons. Ainsi, par exemple, en France en 1997, près d'un garçon sur deux est en retard à l'âge de 15 ans alors que les filles ne sont que Cette performance scolaire féminine s'explique par des modes de socialisation différents. [...]
[...] En outre, les inégalités de revenus participent à la structuration de l'espace urbain. Les mécanismes du marché immobilier fonctionnent de telle manière que les ménages les plus pauvres sont relégués dans des zones marginalisées (banlieues), alors que le centre-ville ou les quartiers résidentiels restent le privilège des groupes économiquement favorisés. Cette situation, renforcée par le jeu de la carte scolaire, n'est pas sans effets pervers. Les établissements scolaires regroupent souvent des populations socialement et économiquement homogènes. Dès lors, on comprend pourquoi la réussite scolaire reste marquée par les inégalités de revenus : un collège de ZEP (Zone d'Education Prioritaire) concentrant les catégories les plus démunies n'offre sans doute pas les mêmes conditions d'apprentissage et de succès qu'un établissement du centre-ville. [...]
[...] Cette approche permet de mieux comprendre en quoi les ressources économiques peuvent influencer la réussite scolaire : des revenus élevés modifient le calcul des acteurs en faveur d'une poursuite des études. Mais il convient de ne pas simplifier à l'extrême l'analyse de R. Boudon ; les choix et les motivations individuels dépendent du milieu social, dans sa globalité (ressources économiques certes, mais aussi niveau scolaire et attentes face à ce système scolaire). Il apparaît donc clairement que les inégalités économiques contribuent à l'inégalité des chances à l'école. [...]
[...] De fait, les conditions matérielles d'existence (taille du logement en fonction du nombre d'occupants, moyen de déplacement ) placent l'enfant dans des dispositions plus ou moins propices à la réussite scolaire. Le suivi de cours de soutien individuel, les possibilités d'achat de documentation, l'équipement du ménage en informatique représentent des atouts non négligeables dans la scolarité d'un élève, notamment s'il rencontre des difficultés. De la même façon, la capacité à financer un logement étudiant est étroitement liée aux ressources économiques de la famille. [...]
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