Le lien social est-il en crise ou en mutation ?

Résumé du document

Depuis les années 1980, on évoque fréquemment « le relâchement des liens sociaux » ou encore « la perte du lien social ». Le lien social pourrait se définir par ce qui rattache les individus et les groupes les uns aux autres et qui permet à la société de former un tout cohérent. Il peut s'agir de liens directs (relations amicales, de voisinage) basés sur l'interconnaissance, ou de lien indirects tissés par la médiation d'institutions complexes (monde professionnel, associations, syndicats).

Pour expliquer cette « fracture sociale » ou encore «cette « perte de repères » vont être alors tout à tour invoquées la crise de l'institution familiale avec la fragilisation du couple, l'instabilité de la cellule nucléaire. Le chômage massif, la précarisation des emplois ou encore la montée de l'individualisme. Si dans le cas des processus d'exclusion et de marginalisation subie, parler de rupture du lien social semble être pertinent, cela devient beaucoup plus problématique pour d'autres évolutions telles que la déconstruction des formes sociales, les phénomènes de désinstitutionalisation. En effet, elles n'impliquent pas nécessairement la perte de relation entre les individus (...)

Extraits

[...] Le travail sous forme d'un emploi stable est en crise. Cependant la place du travail dans l'ensemble de valeurs est modifiée, les individus favorisent plutôt leurs épanouissement personnel dans la famille par exemple. Toutefois le travail reste un pilier de l'intégration sociale. Un affaiblissement du lien social Les liens familiaux fragilisés par l'individualisme La famille nucléaire traditionnelle n'est plus un modèle, baisse du nombre de mariages, montée de celui des divorces et de celui des familles monoparentales. Diminution du nombre de personnes avec qui l'individu à des liens familiaux. [...]

[...] Dans ces conditions, ne faudrait-il pas relativiser la crise du lien social et parler de mutation du lien social ? Nos sociétés modernes connaissent un affaiblissement du lien social, cependant n'y aurait-il pas un changement, une évolution des liens sociaux qui feraient perdurer des liens malgré tout ? Il convient donc de s'interroger sur l'apparente crise du lien social dans nos sociétés et donc étudier les différentes crises qui peuvent aller jusqu'à la rupture du lien social dans le cas de l'exclusion ; pour ensuite analyser les nouvelles formes de lien social, où les individus restent insérés dans divers réseaux de sociabilité. [...]

[...] Le fonctionnement de la société moderne favorise le fait qu'une pauvreté en entraine souvent une autre, c'est aussi le cas pour l'exclusion. La spirale de l'exclusion La désaffiliation sociale, étudiée par le sociologue R.Castel allie absence de travail et isolement social : les individus dont l'intégration par le travail et l'insertion par le réseau social et familial ne sont plus assurés, deviennent des désaffiliés c'est-à-dire des exclus. L'exclusion est le résultat de ruptures en chaine. C'est surtout la rupture du lien social par le travail qui mène à l'exclusion. [...]

[...] L'école Elle demeure la plus solide des instances secondaires de socialisation. L'obligation scolaire crée un moule de formation pour l'ensemble des citoyens et permet de transmettre, malgré quelques réelles difficultés, les valeurs collectives nécessaires à la cohésion sociale. Elle continue de socialiser et reste un lien d'apprentissage des normes et des valeurs de la vie collective pour les enfants de toutes origines. L'Etat dans un souci d'équité pratique des discriminations positives et renforce son action sur ceux qui en ont le plus besoin (création des ZEP en 1982). [...]

[...] L'identité professionnelle est remise en cause, le chômeur ne s'inscrit plus dans la division du travail. S'enchainent des pertes de relations sociales (collègues de travail), de compétences techniques liés à l'évolution des savoirs faire, ou par le manque de pratique. En France, le taux de chômage touche plutôt les jeunes (15-24 ans) avec 16,2% en 2001, majoritairement les filles Quant au chômage de longue durée, il tend à concerner les personnages âgés quel que soit le sexe pour les hommes de 50 ans et plus, et 58% pour les femmes. [...]