Dans les années 1960-1970, apparaît une critique sociologique assez forte du système scolaire et de la manière dont celui-ci contribue à la reproduction des inégalités sociales.
Bourdieu a fait une enquête avec Passeron (livre « Les héritiers », 1964). Ils analysent les processus par lesquels les étudiants des origines populaires ne font pas de longues études : ils arrivent rarement jusqu'à l'université, et quand ils y arrivent, ils sont en position marginale (ils occupent les sections les moins valorisées) (...)
[...] Il y a une critique de cette spatialisation des problèmes sociaux et il y a une mise en évidence du caractère multiforme du séparatisme social. Présenter sous forme spatial les problèmes, c'est un euphémisme des enjeux sociaux et raciaux qui se cachent derrière cette présentation. On amoindrit la portée politique et sociale du problème existant. Le séparatisme social ne concerne pas uniquement des quartiers relégués, mais l'ensemble de la population française (exemple : Passy = ghetto de riches Il y a un processus de ghettoïsation même dans les quartiers riches, avec la recherche d'un entre soi. [...]
[...] L'institution scolaire a pour résultat de renforcer ces inégalités. On présente comme naturel quelque chose qui est le résultat d'une certaine appartenance sociale (on dit d'un élève qu'il EST brillant, ou qu'il EST laborieux, comme si c'était dans sa nature). Ces auteurs présentent aussi des solutions pour dépasser ces reproductions des inégalités sociales. Les choses qu'ils pointent continuent de persister aujourd'hui. Ils proposent : - Changer de type de pédagogie : laisser tomber une pédagogie charismatique (liée à la qualité du professeur et des étudiants) pour une transmission méthodique du savoir (transmission des méthodes, et non pas de contenus) - Former les étudiants à une rationalisation de leurs pratiques - Rationnaliser l'organisation des cours de l'université : un encadrement qui se poursuit dans les premières années de l'université (cours en petits groupes, encadrement des étudiants, obligation de présence, contrôle régulier) pour faire la transition entre la fin du lycée et le cycle supérieur. [...]
[...] Cette massification ne se traduit pas par une démocratisation scolaire : les modes de sélection continuent de jouer, mais sont plus cachés. Il y a une très forte ségrégation au niveau du lycée. Le filtre social continue de jouer, mais d'une autre manière : on a une augmentation des écarts sociaux au sein des filières. On constate, par exemple, une prolétarisation du bac STG. Tout le monde arrive au lycée, mais tout le monde ne bénéficie pas du même type d'éducation. [...]
[...] C'est une politique qui est menée à grande échelle et qui n'a cessé de croitre : 1982 : des collégiens en ZEP 1990 : 15% des collégiens en ZEP 2004 : 20% des collégiens en ZEP Cette politique est très critiquée en ce moment. Le problème des ZEP est que ce sont des zones beaucoup trop diluées : on ne cible pas assez bien. Il y a une question du seuil : à partir de quel moment on peut bénéficier du label ZEP ? On spatialise les phénomènes d'exclusion. Le séparatisme social touche toutes les classes, l'ensemble de l'espace social, et que souvent, cela se fait de manière invisible. [...]
[...] Aujourd'hui, la corrélation entre la profession des parents et le fait de poursuivre ses études dans l'enseignement supérieure existe encore : des enfants d'enseignants des enfants des cadres supérieurs, mais seulement des enfants d'employés d'enfants d'ouvriers qualifiés d'ouvriers non qualifiés poursuivent dans le supérieur. Les auteurs partent de ce constat : on n'a pas le même destin scolaire selon la profession de nos parents et leur catégorie sociale. Il y a un capital social inculqué par les parents, et celui reçu par l'école. Certains ont donc une avance par rapport à d'autres. [...]
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