L’image et le son dans la culture du XXè siècle

Thèmes abordés

Culture majuscule, pratiques socioculturelles, circulation culturelle, écrit et l'imprimé, image et le son, homogénéisation culturelle, dépenses de publicité, cinéma, enracinement de la radio

Résumé du document

La notion de culture de masse pose problème, et il faut repartir d'une définition de l'histoire culturelle. Le risque d'une telle approche est la banalisation de la notion de création culturelle et une définition diluante de la culture. Mais d'un point de vue épistémologique, l'historien doit ne pas s'en tenir à la Culture majuscule, car les pratiques socio-culturelles sont au cœur des processus de circulation, de réception, d'insémination et de transmission. L'histoire socio-culturelle doit aussi s'intéresser aux loisirs car s'y opère parfois la circulation culturelle.

Extraits

[...] Ce n'est qu'à partir de 1935 que les heures du réalisme poétique ou fantastique social selon Carné, virent la réalisation de certaines des plus belles œuvres de Renoir, Carné et Grémillon. Le succès du cinéma est le reflet de la montée de l'image, mais aussi du son. De fait, la radio connut une accélération nette pendant l'entre-deux-guerres. Son exploitation publique, à la différence du cinéma, ne date pas d'avant-guerre, puisque Radio Tour Eiffel, premier émetteur public est créé le 24 décembre 1921. Le premier émetteur privé, Radiola, devenu Radio Paris en 1924, est créé en novembre 1922. [...]

[...] L'image s'insinue aussi dans la correspondance : c'est un grand moment pour la carte postale. L'affiche aussi joue un rôle d'homogénéisation culturelle, et occupe une place non négligeable dans les dépenses de publicité, (sur)estimée à 25% du total par la Revue des deux mondes en 1901, sa part reste après les années 1930 autour de des dépenses, ayant baissé à cause de la presse et de la radio. Si la publicité par voie d'affiche était plus destinée au détaillant qu'à la clientèle, elle s'est rapidement développée à Paris depuis le Second Empire, dans les rues à partir de 1900, dans le métro. [...]

[...] Le cinéma est entre temps devenu une forme de sociabilité et un lieu de brassage. Le documentaire, les actualités et le film façonnent les mentalités tout en fidélisant le public. Cette triade s'incarne surtout après le passage au parlant. Dès 1928, un an après la projection du premier film parlant à New York, Le Chanteur de jazz, la première salle équipée est ouverte à Paris. Les années 1930 sont la décennie de l'ascension du cinéma parlant, qui s'accompagne d'une augmentation des longs métrages produits. [...]

[...] La France a eu son rythme propre, décalé, dans la montée en puissance de la culture de masse. Le phénomène s'est enclenché avant guerre aux Etats-Unis. En 1938, la France compte 5 millions de récepteurs de radio, le Royaume-Uni et l'Allemagne en comptent 8 millions chacun. Pourquoi un tel décalage ? Il fit surgir des réticences, car à cause de lui le changement semblait venu d'ailleurs, et se posait dès lors la question des influences étrangères et de leur nocivité éventuelle. [...]

[...] L'image d'une France ayant le certif pour épine dorsale est alors à nuancer. Mais le fait qu'un tiers environ d'une classe d'âge l'ait 40 après la loi de 1882 peut être considéré comme un signe de succès de la scolarisation primaire qui y préparait. Mais ces statistiques font émerger une masse impressionnante au regard des siècles précédents de de lecteurs, et probablement plus car il est difficile d'évaluer les pratiques de lecture des 23% qui écrivent mal. La scolarisation secondaire, elle, est restée stagnante et très faible. [...]