Grands classiques de la sociologie : l'école de Chicago

Thèmes abordés

Grands classiques de la sociologie, école de Chicago, charité chrétienne, darwinisme social, Erving Goffman, Howard Becker, Paul Lazarsfeld, sociologie compréhensive, Université de Chicago, interactionnisme symbolique

Résumé du document

Le terme "École de Chicago" désigne à la fois un lieu, l'Université de Chicago, et un mouvement de recherche et de pensée sociologique, que l'on a reconstitué a posteriori au cours des années 1950. Cette reconstitution est quelque peu illusoire, dans la mesure où il n'est possible de déterminer une identité commune à un ensemble d'auteurs variés qu'en faisant abstraction des clivages et différences d'approche qui les séparent souvent.

Extraits

[...] Quels ont été les thèmes majeurs traités par les sociologues de l'École de Chicago ? Donnez deux ou trois exemples d'auteurs et de publications. Les thèmes majeurs traités par les sociologues de l'École de Chicago semblent avoir été, sommairement, les questions de délinquance, de marginalité, de pauvreté, d'immigration et d'urbanisation. Ces thèmes de prédilection témoignent de l'influence initiale qu'ont exercée la philosophie pragmatique, le darwinisme social, le réformisme social et la théologie chrétienne (idée de charité) sur les chercheurs de Chicago. [...]

[...] Finalement, pour quelle approche du phénomène de déviance opte-t-il ? Becker opte pour une définition du phénomène de déviance fondée sur un doute : le doute de l'existence d'un véritable consensus en matière de norme sociale, qui surplomberait les différents groupes sociaux d'appartenance auxquels sont rattachés les individus qualifiés ou non de « déviants ». Sa définition se caractérise par son rejet du présupposé selon lequel la déviance porte toujours la même signification. Il n'y a pas d'actes substantiellement déviants, simplement des réactions et jugements d'autrui. [...]

[...] Grands classiques de la sociologie : l'école de Chicago I. Comment caractériser l'École de Chicago sur le plan méthodologique ? Le terme « École de Chicago » désigne à la fois un lieu, l'Université de Chicago, et un mouvement de recherche et de pensée sociologique, que l'on a reconstitué a posteriori au cours des années 1950. Cette reconstitution est quelque peu illusoire, dans la mesure où il n'est possible de déterminer une identité commune à un ensemble d'auteurs variés qu'en faisant abstraction des clivages et différences d'approche qui les séparent souvent. [...]

[...] Dans quelle mesure peut-on rattacher l'analyse de Becker aux traditions wébérienne et durkheimienne ? La sociologie que l'on rattache à l'École de Chicago, et celle d'Howard Becker n'y échappe pas, est une sociologie qui est à la fois compréhensive — dans la mesure où elle propose d'étudier les représentations et interactions quotidiennes des individus qui constituent la population étudiée (par le biais d'entretiens, de monographies et d'observation participante) — et scientifique, puisqu'elle ambitionne d'établir des vérités scientifiques en dehors des jugements de valeur du discours commun, et se veut proche des sciences de la nature. [...]

[...] Simplement, est pathologique ce qui s'écarte de la norme instituée par la collectivité. La sanction, chez Durkheim, ne sert pas tant à dissuader qu'à satisfaire la collectivité, dont la cohésion sociale tient par le maintien de normes faisant consensus. Pour Becker, il n'y a pas, dans les faits, de normes faisant véritablement consensus, au point de surplomber les différents groupes sociaux auxquels appartiennent les individus jugés ou non déviants. Il n'est donc pas évident de trouver des normes servant d'étalon, pour déterminer ce qui est généralement considéré comme normal et, à l'inverse, comme pathologique. [...]