Les femmes, oubliées de la modernité au XIXème siècle ? - publié le 31/07/2014

Thèmes abordés

Femmes modernité, émancipation féminine, industrialisation, domaine public, droits politiques

Résumé du document

« L'homme est aux champs, et la femme au foyer. L'épée pour l'homme et l'aiguille pour elle ; La tête à l'homme et le coeur pour la femme ; L'homme au commandement, l'obéissance à la femme. Tout le reste est confusion. » Ce poème d'Alfred Tennyson illustre bien la situation archaïque dans laquelle les femmes demeurent dans la seconde moitié du 19ème siècle ; cantonnées au cercle familial, à l'effacement ; considérées comme dominées par leurs passions et leurs sentiments.

Extraits

[...] Les femmes ne veulent plus être isolées dans la sphère privée du foyer familial, passives et éternelles mineures. Elles s'inscrivent ainsi dans la modernité du 19e siècle au sens où elles s'engagent désormais sur la scène publique et prennent leur destin en main. Le mouvement d'émancipation des femmes est aussi lié aux changements politiques. La diffusion du modèle libéral et parlementaire en Europe permet aux femmes de faire entendre leurs revendications de manière plus efficace. C'est dans les États où ce modèle libéral est le plus abouti que les premiers mouvements de contestation féministes s'organisent. [...]

[...] À cet égard, le divorce est encore ignoré des pays catholiques à l'aube du 20e siècle alors qu'il est acquis en Angleterre et en Allemagne, toléré dans les pays scandinaves. Le constat est le même pour l'adultère. Il est ignoré pour les hommes dans les pays latins sauf en cas de scandale public. Il en va de même dans l'éducation. Alors que l'alphabétisation et la scolarisation des jeunes filles progressent en Allemagne et en Angleterre, L'Église refuse toujours de former les jeunes filles non chrétiennes. On sent dès lors alors la persistance d'archaïsmes accentués par la forte prégnance religieuse. D'autre part, ce décalage se ressent sur le plan politique. [...]

[...] Ponsot intitulé Les grèves de 1870 et la Commune de 1871 au Creusot publié en 1957. L'auteur y examine l'engagement public des femmes dans les grèves ouvrières. Un discours adressé aux femmes les exhorte à prendre part à la lutte en associant émancipation des ouvriers et émancipations des femmes. L'étude de ces documents permet de dégager deux axes de réflexion pour répondre à notre problématique. Il convient dans un premier temps d'examiner l'implication toujours plus poussée des femmes dans la vie publique qui leur permet de s'inscrire dans une certaine modernité politique et économique, toujours revendicatrice. [...]

[...] Les femmes ne sont pas ignorées de la société du 19e, elles ne semblent cependant pas jouir pleinement des aspects de la modernité qui le caractérise. Elles sont touchées tardivement par cette modernité par rapport aux hommes et la conquête des droits politiques et sociaux, pour la moitié du l'humanité est lente. La Première Guerre mondiale constitue finalement un catalyseur de l'émancipation féminine, les femmes s'étant montrées indispensables à l'effort de guerre et à la reconstruction. C'est alors que la consécration des droits politiques émerge dans la plupart des sociétés occidentales. [...]

[...] En outre, l'émancipation des femmes est handicapée par un certain nombre de contradictions au sein des mouvements. À l'exception, du mouvement du Creusot (document les mouvements féministes sont essentiellement issus de la classe moyenne et les femmes ouvrières sont peu représentées. En effet les préoccupations de ces mouvements sont relativement bourgeoises à tonalité morale et décalée des attentes du prolétariat. Peu à peu, la conscience prolétaire émerge au fil du siècle, mais elle est source de divisions. Certains syndicats refusent longtemps d'intégrer les femmes et les partis politiques ne manquent pas de dissocier féminisme et socialisme. [...]