Erving Goffman, sociologue américain, est l'un des principaux représentants de l'École de Chicago. Si le thème de la modernité est absent des oeuvres de Goffman, paradoxalement, l'essentiel de son travail est une réflexion sur la situation moderne. Goffman se place dans la descendance de Simmel, dont il va radicaliser les propos en mettant l'accent sur les conséquences de la séparation croissante entre l'objectif et le subjectif, propre à la condition moderne. Avant les sociétés modernes, ces deux aspects étaient plus proches grâce à l'existence des rôles et des statuts.
La position sociale était totalement intégrée par le sujet, en effet elle influençait totalement la façon de penser et de ressentir les choses, donc la partie subjective de l'individu. Dans la modernité, les individus se définissent « de manière croissante par une distance à leurs images sociales, par une maitrise réflexive de leur présentation en public ». C'est-à-dire que l'individu se définit de plus en plus en tant que ce qu'il est lui et non par son image sociale. Ce qui devient important c'est comment l'individu fait ce qu'il a à faire et non ce qu'il fait.
Nous retrouvons deux problématiques à la base de la réflexion de l'auteur : la disjonction croissante entre objectif et subjectif, et la difficulté d'interaction dans les sociétés démocratiques modernes.
[...] L'individu est détaché du quotidien, de l'ordre social, des situations de façon volontaire. Il fait des efforts pour imposer une définition à ses situations. Mais les situations sont instantanées. C'est en cela que Goffman les dit ‘furtives'. Conclusion Goffman met ici en avant l'écart entre l'individu et le monde social. Il a une vision dramatisée des interactions entre les individus, son analyse a toujours un versant tragique. [...]
[...] Pour Goffman, le soupçon est normal dans le réel. L'analyse du soupçon permet d'apprécier le caractère cadré des régions de signification et des réalités qui sont les nôtres. Ce qu'on nomme soupçon goffmanien' sur le réel est le passage de l'acteur intériorisant les normes et intégré dans une situation à un acteur défini par la distance à la situation et donc avant tout saisi en termes cognitifs. Goffman s'intéresse à notre capacité à définir ce qui se passe à un moment donné. [...]
[...] Enfin, les interactions, jusqu'à présent naturelles du fait de l'institution des rangs, deviennent fragiles et floues. Le tact autrefois inutile devient nécessaire puisqu'on est tous égaux. Le respect à l'égard de chacun est essentiel mais crée beaucoup de contraintes. D'autant que sans ce tact, tout l'équilibre risque d'être rompu. Le problème de la différence Goffman met ici en avant le problème sociologique majeur d'une société démocratique : la distance sociale et la discrimination. La société démocratique véhicule une idée d'égalité, d'intégration, d'acceptation de la diversité, mais parallèlement elle impose des normes, des critères de normalité, car des groupes se forment malgré tout et se font une idée de ce qu'est la normalité. [...]
[...] Plus l'individu sait être lui-même en jouant son rôle, plus la distance entre le véritable soi et le rôle est faible. Pour Goffman, les sociétés modernes sont caractérisées par une distance croissante entre le moi de l'individu et le personnage qu'il joue. En résumé, il importe peu de savoir qui l'individu est vraiment, ce qui nous importe, c'est l'impression qu'il nous donne d'être une certaine personne derrière le rôle qu'il tient. Ainsi, le sujet est seulement une convention culturelle occidentale, un gestionnaire d'images sociales et le produit d'un cadre Qu'est ce que la réalité ? [...]
[...] Il faut donc arriver à donner une définition de la situation qui fasse accepter ce manque. Aussi, l'individu a des obligations à respecter : il doit se montrer honorable, fier, respectable, etc. Selon Goffman, ces tensions expliquent le recours aux professionnels, tels que les psychothérapeutes Page 448 Page Page Comportement organisationnel Erving Goffman Mariam El Zein La réalité du sujet Il y a une persistance dans toute l'œuvre de Goffman : la nature unique du sujet. En effet, le sujet est toujours défini de la même façon : par sa capacité à maîtriser les images de soi et par la distance entre son expérience subjective et son identité sociale. [...]
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