Introduction à l'introduction. Sociologie et Anthropologie.
Claude Lévi-Strauss a introduit le terme « anthropologie » en revenant des Etats-Unis, en éditant les oeuvres de Marcel Mauss aux Presses Universitaires de France en 1950. Un terme plutôt usité dans les écoles anglo-saxonnes s'est ainsi imposé par le biais de la personne qui a également développé le courant structuraliste, lequel a connu un succès important avant que d'être remis en question par d'autres modèles et d'autres écoles dans cette discipline. Jusqu'alors, les Français parlaient plutôt d'ethnologie et d'ethnographie que d'anthropologie.
Derrière ces définitions peuvent se cacher aussi bien des démarches, que des identifications. Ainsi l'ethnologie et l'ethnographie concerneraient plutôt l'étude d'une aire culturelle donnée dans le monde. Selon le dictionnaire de l'ethnologie et de l'anthropologie de Pierre Bonte et Michel Izard, il s'agit d'étudier « un territoire ou une zone géographique définie par l'extension d'un ensemble d' « éléments » culturels donnés (objets matériels, traits d'organisation sociale ou croyances). Le propre de l'anthropologie sera plutôt de comparer des populations ou des cultures, d'en montrer les différentes productions sociologiques et
psychologiques tout en établissant des liens entre les dimensions locales et globales. Si vous vous reportez à l'entrée « aire culturelle » du dictionnaire de l'ethnologie et de l'anthropologie susmentionné, vous découvrirez immédiatement combien l'histoire des courants et des disciplines est connotée, et en particulier aux XIXe siècle et début du XXe siècle. Ainsi la théorie diffusionniste qui recherchait «systématiquement » de telles
configurations avait pour but d'établir une chronologie relative des cultures, susceptible de fonder une histoire universelle des sociétés « inférieures ». Le diffusionnisme rejetait ainsi « l'évolutionnisme unilinéaire et postul[ait] un développement non uniforme des cultures dans le cadre d'une transformation par stades. » C'est là la caricature même des dérives des sciences sociales. Les théories racistes ont été ensuite mises à mal, et leur critique a également contribué au développement d'un champ scientifique. Lévi-Strauss par exemple dénonçait ainsi « l'erreur » de Gobineau qu'il lisait comme une définition du « pêché originel de l'anthropologie », celle de la : « confusion entre la notion purement biologique de race (à supposer, d'ailleurs, que, sur ce terrain limité, cette notion puisse prétendre à l'objectivité ce que la génétique moderne conteste) et les productions sociologiques et psychologiques des cultures humaines 1. » Comme en réponse à l'essai sur l' inégalité des races humaines publié en 1846 par Gobineau, Lévi-Strauss publiait en 1952 dans une collection de l'UNESCO, un essai intitulé Race et Histoire, à l'intérieur duquel est contenue cette réflexion. Ce petit ouvrage synthétique et accessible n'est pas seulement un manuel d'antiracisme, mais il a également le mérite d'offrir des clefs pour aborder l'ambition de la discipline de l'anthropologie (...)
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