La charte éthique du voyageur : problématiques et enjeux

Résumé du document

La charte éthique du voyageur a été créée par Atalante (donc par un professionnel du tourisme), en partenariat avec l'éditeur de guides touristiques le Lonely Planet : tour opérateur spécialisé dans les voyages d'aventure et de nature à travers le monde.
L'idée de la charte est née en 1995 suite à un voyage en Ethiopie dans une zone qui n'avait encore jamais été visitée : les voyageurs s'étaient engagés à ne pas prendre de photos dans les villages, mais cet engagement n'a pas été respecté. En rentrant de ce voyage trois voyageuses, choquées par l'attitude des touristes qui n'avaient pas respecté l'accord initial du voyage, qui en faisait sa condition sine qua non, suggèrent à Michel Leservoisier (co-fondateur d'Atalante) de rédiger un code de bonne conduite entre l'agence et ses voyageurs… La charte éthique du voyageur naît donc en 1996, et elle proclame qu'il n'y pas de « mauvais voyageurs, il n'y a que des voyageurs mal informés ». La charte vise à la responsabilisation des voyageurs, mais avant tout à une prise de conscience nécessaire : parfois en voyageant, ce sont deux mondes qui se rencontrent et qui peuvent se méprendre sur les intentions de l'un et de l'autre.

Extraits

[...] On constate une dépersonnalisation dans la formulation, ce qui nous ramène au caractère impersonnel et général de la norme. La manière de formuler permet de ne pas viser personnellement les lecteurs, mais pourtant, ces derniers peuvent s'approprier la charte en la faisant leur. En informant, les rédacteurs de cette charte ont voulu faire des conseils donnés en un genre de maximes : elles sont valables pour tous, mais il faut pour ce faire se les approprier, les prendre à son compte, afin de se responsabiliser. [...]

[...] Il y a un vrai problème de diffusion textes souvent adressés à un cercle d'initiés. Avec ce genre de charte, on se confronte alors au problème de la liberté : les agences de voyages qui optent pour la charte éthique du voyageur veulent informer les voyageurs ; les sensibiliser aux problèmes écologiques et humains qui se posent avec la démocratisation du tourisme. La charte s'incarne sous la forme de conseils, comme s'il ne fallait pas entraver la liberté des personnes qui partent à l'étranger. [...]

[...] LA CHARTE ETHIQUE DU VOYAGEUR La charte éthique du voyageur est un écrit organisationnel créé par Atalante, un tour operator. Cette charte a pour vocation d'être appliquée par les voyageurs, cependant les instances qui la légitiment sont restreintes. Dans quelle mesure la charte éthique est-elle reconnue ? La rédaction particulière de la charte ne tient pas de l'injonction, mais du conseil. Pourquoi ? Les instances de rédaction et de diffusion sont-elles pertinentes ? Elles donnent lieu à d'autres écrits, pourquoi de nouveaux écrits et pas l'adoption de celle-ci ? [...]

[...] Au final, chacun demeure libre d'appliquer les conseils gentiment prodigués . On peut à présent s'interroger sur le bien-fondé de ce genre de charte, forcément destinée à une certaine élite, à ceux qui peuvent se permettre de voyager éthique ou écolo. Si tel est le cas, nous sommes dans une impasse, la charte est écrite pour eux et uniquement pour eux, car la diffusion est limitée aux adhérents de la charte. On peut aussi ajouter que les voyageurs deviennent ainsi les acteurs nécessaires à la pérennité de la charte : ils sont ceux qui lui donnent tout son sens et sa légitimité. [...]

[...] Définit également les droits fondamentaux des personnes. Les chartes sont aussi associées à la lutte contre l'arbitraire, la discrimination et l'exclusion. Par extension, le terme est employé pour définir les droits des membres ou des usagers dans une organisation par exemple jusqu'au niveau international. ETHIQUE : Discipline philosophique qui tend à réfléchir sur les finalités, les valeurs de l'existence et la possibilité d'une vie heureuse, sur la question des valeurs morales. L'éthique a évidemment trait à la morale, mais possède une connotation moins péjorative. [...]