Dans le Grand Nord canadien, les Inuit ont réussi à créer à Cape Dorset une communauté aussi originale que célèbre et qui leur permet d'assurer leur subsistance : l'art.
Naguère nomades, aujourd'hui sédentarisés, hommes et femmes témoignent à travers sculptures et dessins que des musées exposent désormais des deux côtés de l'Océan Atlantique.
L'art peut s'exercer de différentes façons, aussi bien par la sculpture de matériaux originaux comme le bois de caribou, la défense de morse ou même la vertèbre de baleine que par le dessin, la gravure sur cuivre et la lithographie (reproduction de dessins tracés sur une pierre calcaire). Mais les sculpteurs inuit travaillent aussi la stéatite, ou pierre à savon, connue et utilisée depuis la préhistoire ; un matériau relativement tendre qui peut se présenter sous différents coloris.
[...] Kenojuak Ashevak est l'artiste la plus célèbre de Cape Dorset. Membre de l'Académie Royale des beaux-arts du Canada, cette grand-mère dynamique dont le nom signifie faucon a pour sujet de prédilection le hibou. L'art inuit s'ouvre au monde En 30 ans, Cape Dorset est devenue la plus célèbre des communautés artistiques inuit. Leurs créations ne fascinent pas seulement les Blancs du Canada, mais attirent aux Etats-Unis de plus en plus de visiteurs dans les musées et galeries où elles sont exposées. [...]
[...] J.M : Oui, chez les Esquimaux, on n'est jamais seul et vous trouverez toujours de l'aide si vous en avez besoin. Cela dit, chacun respecte la liberté et la pudeur de l'autre. O : Quel est le défaut le plus grave pour les Esquimaux ? J.M : La faiblesse, car une personne faible est à la charge des autres. Et elle va s'entendre dire un mot terrible : Sakrayou Bon à rien ! Cette insulte blesse beaucoup, car un Esquimau est un homme fort, dur, il doit toujours être debout et vaillant, et dormir peu. [...]
[...] Chaque œuvre est numérotée, archivée et reste la propriété de la coopérative. Une à deux fois par an, un jury examine les dessins et choisit ceux qui seront tirés à plusieurs exemplaires. Une fois la décision prise, c'est au tour des graveurs de la coopérative de se mettre au travail. Ils sont Inuit, tout comme les imprimeurs. Seuls quelques artistes reportent eux-mêmes leurs dessins sur la pierre à graver. Interview de Jean Malaurie (propos recueillis dans Okapi) Il y a près de cinquante ans, Jean Malaurie, ethnologue (son métier es d'étudier comment vivent les différentes civilisations) est parti au Groenland avec des géographes. [...]
[...] Quand l'enfant part étudier, c'est le désespoir des parents, tristes de le voir partir. Tandis que l'enfant, seul, se sent orphelin. Il apprend une autre langue et une autre manière de vivre, ce qui crée un fossé entre les générations. Le jeune ainsi élevé n'apprend pas ce qui est essentiel dans son peuple : chasser et pêcher. Cette éducation est un échec. Il faut inventer un système d'éducation adapté aux peuples traditionnels comme les Esquimaux. O : De quoi rêvent les jeunes Esquimaux ? J.M : D'avoir une double vie. [...]
[...] Il a appris leur langue et retourne auprès d'eux tous les ans. Aucun Français ne connaît les Esquimaux comme lui. Il a accepté de parler de cette civilisation, de ses problèmes et de ses espoirs. Okapi : Les Esquimaux vivent dans un pays très dur. Donnent-ils à leurs enfants une éducation dure et sévère ? Jean Malaurie : Justement non. Jamais un enfant n'est battu. J'ai vu sous mes yeux un chasseur peiner longtemps, dehors, pour attraper un renard. Quand il est revenu, il a fait un détour par le magasin ; il y avait un réveil qu'il désirait et il l'a échangé contre son renard. [...]
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