Sociologie ; Religion ; Weber ; Enchantement ; Recul du religieux ; Désacralisation
Assiste-t-on aujourd'hui à un désenchantement de la société, à une désacralisation du religieux ?
Le recul du religieux, du magique et du mystique est selon Weber le signe du désenchantement du monde. Nous avons à l'esprit l'image des églises désertées mais également l'image médiatisée des rassemblements massifs lors des Journées Mondiales de la Jeunesse. N'y a-t-il pas là un paradoxe ? Le progrès et les sciences dures sont certainement une des causes de ce recul du religieux. Ne peut-on pas expliquer ce phénomène social autrement ? D'un autre côté, le développement individuel de la spiritualité de chacun apparaît comme un ersatz de la pratique religieuse. Un nouveau modèle d'intégration sociale se construit mais il ne passe plus par l'Eglise. D'autre part, l'idée que les plus catholiques sont issus de familles aisées est réductrice. Cette idée n'est plus pertinente aujourd'hui puisqu'on constate l'apparition de nouvelles pratiques et de nouveaux modes d'« enchantement » Et de plus, de nombreuses idées reçues ne tiennent pas compte du regain du sentiment religieux chez les jeunes musulmans aujourd'hui. Voyons alors dans quelles mesures le monde rationalisé désenchante le monde. Toutefois, examinons également le désir actuel de réintroduire de l'enchantement dans la vie. Car l'enchantement implique l'altérité.
[...] La monarchie absolue porte en germe l'idéal démocratique : elle trouve sa justification en elle-même car le Roi incarne la religion et a été choisi par Dieu. C'est dans le langage de la philosophie que s'accomplira cet accouchement. Cela donne l'Etat de Hobbes et la théorie du contrat. C. La bureaucratie, rouage essentiel du désenchantement Weber a lié bureaucratie , rationalité et désenchantement dans Economie et Société. L'Etat s'installe dans une dimension temporelle. La bureaucratie l'emporte sur le politique. Elle est rendue nécessaire pour le travail même d'auto-création permanente de la société, compte tenu de la multiplicité des demandes sociales. [...]
[...] Leur analogie avec les religions est évidente : existence de chef charismatique et prophétique, annonce de la bonne parole, exigence d'adhésion totale, annonce d'un avenir enchanteur, idéologie de conformité entre l'individuel et le collectif, transparence et pureté. Mais le déclin des idéologies est aujourd'hui tout aussi incontestable malgré quelques résistances incarnées par le nationalisme, ou peut être encore l'écologisme. II. Les métamorphoses de l'enchantement. L'enchantement persiste, sous des formes traditionnelles, ou est réinventé sous des formes nouvelles. Toute société a besoin de sacré selon Durkheim. On voit se développer de nombreuses croyances, de nouveaux mythes, dont les relations sont évidentes avec les religions. [...]
[...] La fin des idéologies, la crise des valeurs laissent le champ libre à la religion. Mais ce renouveau est le fait des laïques. Par exemple, de nombreux scientifiques entrent en religion et voient dans les percées de la science une preuve de la grandeur d'un dieu mathématicien. En France, les groupes charismatiques touchent personnes dont beaucoup d'intellectuels. Malraux disait déjà « le XIXème siècle sera religieux ou ne sera pas ». Dieu se coule dans les techniques de communication : les grands show du Pape, les télévangélistes américains. [...]
[...] Néanmoins, il n'y a pas de corrélation négative avec le taux d'instruction. On a souvent l'inverse : les études universitaires les favorisent parfois. En effet, ces croyances surnaturelles ne sont pas vécues comme contradictoires avec la valorisation du progrès scientifique et technique. B. Les refuges profanes de l'enchantement. Pour pallier le manque de spiritualité ou de religieux, les individus se tournent vers des rites profanes. Par exemple, on constate l'attachement à l'industrie du luxe, à la griffe comme le montre Mauss ou encore Bourdieu. [...]
[...] Dans chaque individu, la sphère des représentations collectives perd de l'importance en regard des représentations individuelles, particulières et originales. Selon Marx, la religion n'est qu'une superstructure, produit de l'aliénation des individus, en parfaite harmonie avec le stade historique de la société. La progression vers le communisme ne peut que faire disparaître l'aliénation et donc toute religion. Par ailleurs, selon Pareto, il existe une progression des actions logiques aux dépens des actions non-logiques. Weber ne parle pas de disparition des religions mais de leur transformation porfonde. [...]
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