Alexis de Tocqueville: les raisons principales de sa redécouverte

Résumé du document

"De la démocratie en Amérique" (deux tomes: 1835 et 1840) et "Ancien Régime et la Révolution"; ces deux ouvrages ont suffi à faire de lui un auteur fondateur. Il a été redécouvert de manière tardive. Deux auteurs ont contribué à cette redécouverte :
-Aron dans Les étapes de la pensée sociologique (1967). Il y consacre un chapitre conséquent à Tocqueville
-Mendras qui a écrit le premier manuel de sociologie : Eléments de sociologie. Dans sa première édition (1967), il met Marx et Tocqueville sur un pied d'égalité et reconnaît pleinement la place de Tocqueville dans les grands maîtres de la sociologie.
Les historiens de la pensée libérale estimaient que Tocqueville constituait une étape dans la pensée libérale. En effet, on a assisté pendant 20-30 ans à une perte d'influence du marxisme qui avait dominé la pensée intellectuelle jusqu'à la fin des années 80.

Extraits

[...] La norme n'est plus la tradition, mais devient l'expertise psychologique et répond au souci contemporain des individus de s'épanouir dans leur existence. Tocqueville nous permet de faire le lien entre un constat (l'adoucissement des moeurs) et l'émergence de nouvelles formes de contrôle social caractéristiques de notre société et qui donnent tout leur poids à la norme et l'expertise psychologique, et beaucoup moins à la tradition, aux grandes visions morales ou religieuses défendues autrefois par le prêtre et l'instituteur - Les propos de Tocqueville au sujet du pouvoir tutélaire et maternant de l'État est une métaphore, ils ne doivent pas être pris au pied de la lettre, mais doivent nous faire prendre conscience. [...]

[...] Pour lui, le risque n'est pas l'anarchie, mais une nouvelle forme de despotisme, qui ne peut naître que de la société démocratique et d'un État qui s'occupe de tout. Selon lui, il faut accepter la démocratie comme un processus inéluctable tout en étant extrêmement lucide sur ses dérives possibles. Au contraire de Marx, Tocqueville s'est très peu intéressé à l'économie, au monde de l'industrie et du travail. Tous les deux ont cru découvrir un principe qui organisait les mondes modernes. [...]

[...] Ce despote est l'État central, bureaucratique, entre les mains duquel les hommes remettraient docilement leur liberté. Les hommes sont infantilisés par l'État qui décide tout de leur vie (scénario noir d'une évolution possible d'une société démocratique Rapports entre les États-Unis et la France en 1830 : pour Tocqueville, ils pourraient illustrer l'un et l'autre de ces scénarios : - La société américaine est engagée dans un schéma proche du premier scénario - La société française est plus proche du deuxième La différence entre les deux scénarios est les mœurs américaines et françaises : il fait une sociologie du politique. [...]

[...] L'œuvre de Tocqueville peut être vue comme une gigantesque réflexion inquiète, mais jamais fataliste sur les rapports difficiles entre liberté et égalité. Cette idée générale se décline à travers ses diverses analyses. Avec la comparaison des États-Unis et la France, Tocqueville a sous les yeux deux illustrations de manifestation de la démocratie : - Pour la France, elle correspond à une égalité conquise de haute lutte, par une révolution dévastatrice et brutale (L'égalité est le résultat d'une rupture révolutionnaire dans l'ordre politique, social - Pour les États-Unis, sa grande différence avec la France, c'est que les hommes sont nés égaux au lieu de le devenir Pourquoi la démocratie se présente-t-elle sous deux apparences si différentes ? [...]

[...] Dans ce volume, la charge critique est la plus forte. Dans le volume il parle de tyrannie de la majorité. Pour lui, il faut s'y soumettre. Il pointe le scénario possible du despotisme de toute une organisation sociale, et le fait que l'individu démocratique est passif. C'est une pathologie de la démocratie, et c'est à l'origine de cela que l'on trouve l'égalisation des conditions, et l'individualisme. II. Les effets redoutables de l'individualisme démocratique La démocratie peut être la meilleure comme la pire des choses. [...]