La Révolution française et l'Empire vont révéler un phénomène quasi inexplicable : l'Alsace, terre germanique et germanophone de longue date, va pourtant afficher son attachement à la France. Cependant, Strasbourg reste la grande oubliée de l'histoire républicaine française : c'est dans cette ville que naquit la Marseillaise. Tout au long du XIXe siècle, jusqu'en 1870, l'Alsace connaît une prospérité économique et un essor démographique considérable.
Après la défaite de 1870, conformément au traité de Francfort, l'Alsace est annexée de force par Bismarck au II Reich. De nombreux Alsaciens quittent alors leur terre natale pour rejoindre le territoire français, notamment en Algérie. Sociologiquement, ce sont les jeunes générations qui partent : les anciens sont attachés à des valeurs matérielles comme la ferme, la propriété ou davantage immatérielles comme les souvenirs et le poids de la terre natale. Les Allemands « germanisent » l'Alsace, notamment en y envoyant de jeunes fonctionnaires célibataires afin de favoriser les mariages mixtes et d'ainsi effacer toutes velléités francophiles. Enfin, après la Seconde Guerre mondiale, l'Alsace va bénéficier d'un fort courant d'immigration, majoritairement des Turcs et des Portugais. Cela va profondément changer la donne sociologique, puisque les immigrés représentent entre 8 et 10% de la population alsacienne, bien au-dessus de la moyenne nationale.
Le constat s'impose donc : l'Alsacien, du fait des différents courants migratoires, n'est pas homogène.
[...] L'après Seconde guerre mondiale est marquée, dans le vote alsacien et dans le paysage politique alsacien, par un quasi-dévouement politique au gaullisme. Ce ne fut d'ailleurs pas un hasard si De Gaulle prononça le discours de fondation de l'UPR en 1947 sur les marches de la cathédrale strasbourgeoise, place du Château. Cela peut s'expliquer par le discours apartisan, bien au-delà des clivages politiques habituels, du gaullisme, allié à un patriotisme dans lequel, sans doute pour oublier le syndrome de l'enfant adoptif l'Alsacien se forçait à se retrouver. [...]
[...] Cela perdura, et aujourd'hui encore, l'Alsace est la deuxième place banquière de France après Paris. Dans le Haut-Rhin, département qui se développa par la révolution industrielle, on retrouve les protestants majoritairement dans les classes aisées, descendants des familles d'industriels et de cadres de l'industrie, tandis que les classes populaires sont essentiellement catholiques, car majoritairement employés comme ouvriers. Depuis une trentaine d'années, il est important également de prendre en compte la population musulmane, qui se situe le plus souvent dans le bas des CSP. [...]
[...] C'est ce que l'on peut appeler un trouble de l'appartenance dû à notre troublante histoire contemporaine. La pluralité géographique L'hypertrophie des agglomérations comme facteur d'inégalités L'Alsace est divisée en deux départements : le Bas-Rhin et le Haut-Rhin. Le Bas-Rhin est marqué par l'hypertrophie strasbourgeoise. Aussi, est-il important de saisir des thématiques différentes. Strasbourg, comme d'ailleurs l'ensemble des agglomérations alsaciennes (Sélestat-Colmar et Mulhouse) concentre l'essentiel des inégalités sociales alsaciennes. Si l'Alsace est certes la deuxième région la plus riche de France, elle n'en demeure pas moins une région très disparate. [...]
[...] Les problématiques sont alors nombreuses à soulever, notamment concernant le remembrement ou les microexploitations. Face à ces chiffres, il faut alors prendre en compte un indicateur important : le nombre d'Alsaciens travaillant en Suisse et en Allemagne, voire au Luxembourg. Ces migrations transfrontalières de travail sont très importantes, puisqu'elles concernent environ personnes. Cela est donc un atout pour l'emploi en Alsace, mais peut rapidement se révéler, en cas de difficultés économiques, comme un problème, les entreprises helvétiques, allemandes et luxembourgeoises ayant tendance à licencier d'abord les travailleurs étrangers. [...]
[...] En 1439, Strasbourg se libère quant à elle de sa tutelle ecclésiastique. Seul le landgraviat de Haute-Alsace demeure encore sous le contrôle impérial de la famille des Habsbourg. L'essor de l'Alsace va davantage s'intensifier à partir de la Renaissance, la région devenant l'un des principaux foyers de l'humanisme et de la Réforme. Gutenberg s'installe à Strasbourg à partir de 1434, et y invente l'imprimerie vers 1438. Il assure ainsi la diffusion locale des auteurs anciens et la connaissance des principes humanistes et réformateurs. [...]
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