"Le progrès scientifique est un fragment, le plus important il est vrai, de ce processus d'intellectualisation auquel nous sommes soumis depuis des millénaires". L'extrait qui nous est donné de commenter traduit assez bien ce que Weber appelle lui-même "la rationalisation intellectualiste", qui se développe parallèlement à l'avènement de la science et de la technique scientifique.
Max Weber, sociologue allemand tardivement connu en France, illustre sa vision, par un exemple fort célèbre, celui du Tramway, tiré de son oeuvre Le Savant et le Politique (qui est une réunion de deux conférences données en 1919), d'une lecture plus abordable que certains de ses ouvrages) (...)
[...] Un mode intellectualisé, c'est un monde dans lequel règne la conviction que tout ce qui est et advient ici-bas est régi par des lois que la science peut connaître, et la technique scientifique maîtriser ; qu'il n'est rien en d'autres termes qui ne soit prévisible. C'est un monde sans magie, sans doute, car il exclut toute intervention du suprasensible dans l'ordre des choses naturelles et humaines. Weber insiste d'ailleurs sur le fait que ce monde est dépourvu de sens. Le désenchantement, c'est en effet la levée du charme qui cachait jusqu'à présent aux hommes la réalité de leur être-au-monde On est ici loin des préceptes de Malraux sur la spiritualité et la religiosité accrue que sera censé connaître le 21 ième siècle. [...]
[...] Mais le texte est avant tout un moyen d'illustrer la sociologie compréhensive et plus largement une partie de la méthodologie wébérienne Le métier et la vocation de savant/ Le métier et la vocation d'homme politique. Catherine Colliot-Thélène, Max Weber et l'histoire, PUF Philosophie En quoi ce texte met-il en avant les principes fondamentaux de la sociologie wébérienne ? La rationalisation accrue du monde a-t-elle pour corollaire ce qu'il convient d'appeler avec Weber un désenchantement du monde ? Plan : Si l'exemple du tramway permet avant tout de faire le point sur ce que Weber a appelé la compréhension, il met également en exergue la question de la rationalité et de son ambiguïté, tout en renvoyant le lecteur à ce que l'on a appelé le désenchantement du monde Ce texte illustre la sociologie compréhensive et la distanciation wébérienne. [...]
[...] Cette rationalisation est donc floue, car la maîtrise de la science est imparfaite et n'est pas la qualité de l'homme moderne ordinaire. Pour dissiper les ambiguïtés de cette rationalité, les individus utilisent et adaptent au mieux leur stock de savoir (qui n'est pas une connaissance parfaite et absolue) pour atteindre leurs buts, ce que nous permet d'entrevoir la sociologie de la connaissance Ce stock de connaissance a un but expressément utilitariste (atteindre ses objectifs) et se distingue de la connaissance scientifique (seul réelle expression d'une rationalité parfaite ou qui tend à l'être, par falsification des hypothèses par exemple) qui se traduit par une connaissance désintéressée Le stock de connaissance dont je dispose me permet d'avoir une action rationnelle (en finalité). [...]
[...] : Descartes et son Discours de la méthode), les hommes ont très vite cherché à rationaliser leur action. Ainsi, quand l'homme moderne sait pourquoi il prend le tramway, et quand l'homme sauvage sait pourquoi il implore les dieux ou quelle utilisation rentable il peut faire de ses outils, nous sommes face à ce que l'on appelle une rationalité (propre à chacun, nous le verrons dans quelques instants, mais une rationalité quand même). Mais quelle signification peut on donner à ce terme ? Qu'est que la rationalisation ? [...]
[...] Le sauvage au contraire connaît au contraire incomparablement mieux ses outils Ainsi pour Weber, le sauvage maîtrise parfaitement le moyen de se procurer de la nourriture et Schütz ne peut qu'aller dans son sens quand il dit : Dans la vie quotidienne, l'homme ne s'intéresse que partiellement ( ) à la clarté de sa connaissance ( Il achète un 6 Peuple nomade de Namibie produit dans un magasin, sans savoir comment il est fabriqué ; il le paie avec de l'argent bien qu'il ait une très vague idée de ce qu'est l'argent. Ainsi, le texte met particulièrement bien en avant le fait que cette rationalisation a des caractéristiques largement équivoques. [...]
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