L’usage de l’entretien en sciences sociales, plaidoyer pour l’entretien ethnographique - Stéphane Beaud

Résumé du document

Dans son article « L'usage de l'entretien en sciences sociales, plaidoyer pour l'entretien ethnographique », Stéphane Beaud, sociologue français professeur à l'ENS et docteur en sociologie de l'EHESS, tente d'éclaircir les différents usages faits de l'entretien sociologique, en essayant de réhabiliter son utilisation.

Extraits

[...] L'entretien ethnographique prend alors une image peu fiable, et peu scientifique, et est laissé de côté. Cette coupure entre les deux méthodes est accentuée par la séparation qui s'opère entre la sociologie et l'ethnologie. La méthode quantitative aurait alors influencé celle de l'entretien, privilégiant une typologie basée sur la multiplicité de ceux-ci. Les entretiens deviennent alors un moyen d'obtenir des informations rapidement, en se basant sur une séparation entre travail d'observation et d'interprétation. Cette division du travail et la multiplication d'entretiens créent une absence d'unité de terrain et décontextualisent l'interprétation de l'entretien. [...]

[...] Il ne faut pas oublier que l'entretien est une relation sociale entre deux individus, où un rapport de domination se met en place. Pendant l'interview, l'enquêteur doit objectiver l'enquêté comme une personne sociale afin d'en apprendre plus sur son identité sociale. L'auteur souligne l'importance de l'anecdote, car elle possède un contenu sociologique important, et sert de relance à l'enquêteur. Dans certaines situations, Stéphane Beaud recommande l'usage d'un guide d'entretien qui confère un statut officiel à l'interview pour les détenteurs d'un capital culturel important, mais qui à l'inverse augmente la distance sociale entre enquêteurs et enquêté en milieu populaire. [...]

[...] Et enfin, il faut prendre en compte le ressort de la parole de l'enquêté Mais la phase la plus importante de l'entretien reste la retranscription écrite de celui-ci. L'enquêteur doit apprendre à interpréter toutes les hésitations, les non-dits, les mimiques qui se sont déroulés lors de l'entretien, et sont nécessaires à son interprétation. À travers cet article, Stéphane Beaud s'emploie à réhabiliter l'entretien ethnographique, historiquement écarté au profit des méthodes quantitatives. Toutefois, l'auteur reconnait certaines limites à la méthode de l'entretien. En effet, les médias imposent des publications de résultats immédiats incompatibles avec la méthode plus lente de l'entretien. [...]