Tzigane, Rom, Manouche, Sinti, Gitan, Nomade, Yéniche, Bohémien, Romanichel, Gens du voyage… l'abondance des qualificatifs ne peut qu'évoquer la complexité de la question. Entre mobilité et marginalisation, les Tziganes semblent par définition insaisissables pour les Gadjé . Les trois textes sur lesquels nous appuierons notre réflexion tentent d'aller au-delà des stéréotypes qui, aujourd'hui plus que jamais, sont en vigueur dans nos sociétés. Si les auteurs de ces études ont voulu dans un premier temps pallier certaines lacunes concernant la question tzigane, il s'agit, au-delà d'un simple apport de connaissances, de proposer une nouvelle grille de lecture, géographique ou sociologique, afin de redessiner le véritable malaise qui sous-tend les relations entre Tziganes et non-Tziganes.
Comment définir cette population de manière adaptée, en brosser les traits essentiels sans tomber dans les clichés et les idées reçues ? Quelles solutions face à l'impossible équation entre Tziganes et Gadjé ?
Nous essaierons, à travers les trois textes proposés, d'élaborer une synthèse sur la problématique des Tziganes en Europe. Nous partirons des stéréotypes qui depuis toujours animent les relations entre Tziganes et non-Tziganes en essayant de les déconstruire à l'aide de faits géographique ou de données sociologiques. Ensuite, nous verrons quelles sont les politiques étatiques et européennes élaborées pour traiter la question de cette minorité, pour savoir si la législation conforte ou pas l'imaginaire collectif. Enfin, il nous faudra analyser la question de la mobilité ; nous nous demanderons si cette caractéristique est intrinsèquement liée au peuple tzigane, et le rôle que cet élément joue dans sa construction identitaire.
[...] Sont-ils allés vers un dépassement des stéréotypes ou ont-ils au contraire témoigné d'une volonté de conforter la population dans ses idées reçues ? Le texte Les gens du voyage : errance et prégnance des catégories retrace précisément l'évolution des mesures prises à l'égard des Tziganes, notamment en France depuis le XVe siècle. Sans vouloir relater l'histoire de ces politiques étatiques, il apparaît nécessaire de souligner que les législations ont en général encouragé la répression de ce peuple alors même qu'elles auraient dû valoriser son intégration dans la société. [...]
[...] La stigmatisation légale du mode de vie des Tziganes entraîne nécessairement une catégorisation réductrice de cette population. Leur mode de vie, sans relativisation culturelle aucune, est considéré de prime abord comme illégitime. La mobilité est réduite de manière caricaturale à une dégénérescence du paradigme sédentaire, symbole par excellence de la stabilité, de la pérennité dans l'espace et dans le temps, qui semble être le seul gage d'une vie professionnelle, sociale et familiale équilibrée. Le nomade, a contrario, est celui dont le processus d'insertion sociale a échoué ; une absence d'attaches territoriales paraît étrange ; le Tzigane est alors fatalement un individu asocial. [...]
[...] Ainsi les Tziganes se répartissent en Europe selon des réseaux familiaux distincts. Selon Jean-Baptiste Humeau, quatre grands groupes peuvent être distingués, par ordre de concentration de cette minorité dans chaque pays : le premier ensemble serait constitué par les Etats d'Europe centrale et balkanique, où chaque pays concentre entre et un million de Tziganes ; le second par l'Espagne (600 000) et la France (250 000), le troisième par le reste des Etats européens occidentaux où ils sont minoritaires et le quatrième groupe représenterait les pays d'Europe du Nord où la population tzigane ne dépasse pas quelques dizaines de milliers de personnes. [...]
[...] Enfin, Les gens du voyage : errance et prégnance des catégories écrit par Jean-Yves Blum Le Coat, Christine Catarino et Catherine Quiminal, propose une approche sociologique de la question. A partir d'une rétrospective historique, les auteurs de ce texte montrent comment la figure du Tzigane a constamment été reléguée, de manière réductrice et schématique, à des catégories dépourvues de tout ancrage dans la réalité. Plusieurs questions doivent être posées, inhérentes à la manière de traiter la problématique tzigane elle-même. En vérité, il s'agit de savoir comment définir cette population, comment proposer une typologie qui ne soit ni trop savante ni trop schématique, ce qui ne contribuerait qu'à susciter problèmes et conflits. [...]
[...] Au contraire, cette posture, si elle est institutionnalisée, devient alors un vrai danger. Que la puissance publique stigmatise l'altérité signifie en effet qu'implicitement les stéréotypes populaires sont intégrés dans la législation, justifiant par conséquent la marginalisation légale des Tziganes. II. Des politiques nationales à celles de l'Europe, vers un dépassement des stéréotypes ? La vision populaire du monde tzigane, entre crainte et fascination, méfiance et mystère, traduit la construction d'un imaginaire collectif alimenté au fil des siècles par des relations plus ou moins conflictuelles. [...]
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