Le sujet et le mamelouk, Mohammed Ennaji, État islamique, esclavage, Maroc, société musulmane, soumission servile, statut royal, religion
Plus qu'une réflexion sur l'esclavage, Mohamed Ennaji, nous propose dans Le sujet et le mamelouk de retracer, à partir d'une triple lecture sociologique, linguistique et historique, la genèse de la sujétion dans le monde arabe. Si l'histoire consiste à comprendre le présent par un retour dans le passé, en remontant à l'origine des choses, le but de l'auteur est de saisir les mécanismes de la persistance de la domination servile dans les sociétés musulmanes, particulièrement au Maroc. En effet, si la sujétion est encore présente dans ces sociétés, c'est qu'il existe une constance entre hier et aujourd'hui.
[...] Contrairement, Mohammed Ennaji lui montre que ces éléments fusionnent en une seule au sein du rapport de servilité. Le croyant et le maître n'existeraient pas sans les éléments de leurs dominations que nous avons susmentionnées. Et pour ce dernier, la persistance du rapport servile dans les sociétés musulmanes trouve ses fondements dans « le culte de la pureté dans la liberté [qui] permet d'ériger une barrière sociale infranchissable entre un groupe dominant, supérieur, hégémonique et homogène et le reste de la société. [...]
[...] Pour ce faire, tout un stratagème protocolaire auréole sa personne : « Fascinante par le mystère qui l'entoure » et « terrifiante par les abus qu'il peut donner lieu. » Craint et vénéré, le roi maintient son autorité à travers des modalités de soumission palpable : Le baisemain, la prosternation, le voile sont autant de moyens mis en place par ce dernier pour marquer sa différence, conserver une certaine aura mystérieuse et exercer son pouvoir - soumettre sa population. Mais le souverain n'en demeure pas moins l'esclave de Dieu, le Prophète aussi, mais dans des formes atténuantes. [...]
[...] C'est de cette analyse qu'il arrive à la conclusion que le lien entre ces entités est un rapport de soumission, car la servitude découle de l'autorité et « sans le lien de servitude l'autorité perd son fondement. » L'esclave Comme individu, l'esclave est réduit au néant et ne garde la vie qu'en qualité de créature du maître. Cette conception se manifeste nettement dans la langue arabe. Abd signifie esclave, dans une conception plus large le mot prend le sens de « fouler le sol », c'est-à-dire précise Ennaji : « Écraser, lisser, supprimer toute résistance, tout frottement ». Une sorte de soumission extrême (ibâda). [...]
[...] En posant les mains à terre avant les genoux pendant la prosternation, le fidèle manifeste une soumission absolue, de sorte à tout abdiquer et laisser sa personne à la volonté de Dieu. Seul le Prophète du fait de sa grande proximité avec Dieu est autorisé à poser les genoux avant les mains. Cette étude atteste de l'organisation sociale des rapports esclavagistes et de soumissions du haut vers le bas dans le monde arabo-musulman. Or, cette conception rentre en contradiction avec l'approche développée par l'un des meilleurs spécialistes orientalistes anglo-saxons Bernard Lewis. [...]
[...] Le sujet et le mamelouk : esclavage, pouvoir et religion dans le monde arabe - Mohammed Ennaji (2007) - L'islam a-t-il vraiment voulu éradiquer l'esclavage, ou seulement chercher à atténuer ses formes les plus pénibles, les traitements les plus humiliants ? Plus qu'une réflexion sur l'esclavage, Mohamed Ennaji, nous propose dans Le sujet et le mamelouk de retracer, à partir d'une triple lecture sociologique, linguistique et historique, la genèse de la sujétion dans le monde arabe. Si l'histoire consiste à comprendre le présent par un retour dans le passé, en remontant à l'origine des choses, le but de l'auteur est de saisir les mécanismes de la persistance de la domination servile dans les sociétés musulmanes, particulièrement au Maroc. [...]
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