Edgar Morin est un sociologue français ayant beaucoup travaillé sur la notion de culture. Ilécrit en 57, « Les Stars » expliquant la façon dont un acteur ou une actrice devient un produit de la culture de masse, comment elle est vendue pour être en suite littéralement « consommée » par le fan, en l'occurrence le spectateur au cinéma. Un texte qui est plus que d'actualité donc, et c'est surtout la seconde partie qui va nous intéresser ici. Et plus précisément, la description des processus mentaux qui nous permettent de nous projeter et de nous identifier dans un « objet » vivant à l'écran (qu'il s'agisse d'une métaphore, ou même d'anthropomorphisme). Puis nous décrirons certaines implications sociales résultant de ces processus, avec toujours le texte à portée de main.
[...] L'autre est plénitude, il est esprit, évanescent. L'époque et la Star mélangent les deux sans se préoccuper des distinctions. Comme on le disait pour le baiser, le bonheur est un instantané prolongé à l'infini. Une religion du présent, de l'ici, du maintenant. La mort au lieu d'être acceptée comme une fatalité, ce que proposait en quelque sorte la tragédie grecque, a été bafouée. S'établit alors une méritocratie du bonheur, chargée de maintenir dans un rêve de procuration les classes moyennes et populaires, ouvriers et salariés alors que les détenteurs des moyens de production (au sens économique comme cinématographique) engrangent les profits. [...]
[...] C'est un patron, car elle dicte certaines règles sociales, par suggestions inconscientes, auxquelles nous nous conformons. La Star peut-elle se voir comme une instance de socialisation (pour reprendre un concept de Pierre Bourdieu) à part entière, au même titre que la famille, ou l'école ? Si elle initie à certains rites (notamment le rite de l'amour) ces rites nécessitent correction, réajustement. L'auteur évoque l'idée que les femmes, moins marqués par la limite être le rêve et la réalité, sont de ce fait plus sensibles à l'identification avec rayonnement de la Star. [...]
[...] Évidemment, nous ne sommes pas tous égaux devant le pouvoir d'hypnose de la Star. Une personnalité affirmée, plus forte, un sentiment d'achèvement, un métier passionnant permettent une meilleure résistance cognitive. Mais aucune forteresse n'est imprenable, aucun esprit immaculé. Les adolescents sont une cible facile, tâtonnant encore à la recherche d'une identité solide (mais pas forcément définitive), de modèles à suivre. D'autant qu'aujourd'hui ce sont de gros consommateurs. La Star à une fonction initiatrice L'imitation de ses comportements nous donne un point de repère pour s'insérer dans notre Société. [...]
[...] La Star est un panneau publicitaire divinateur. Elle influence, dicte et ordonne (en partie) nos comportements dans la société de demain et d'aujourd'hui. Selon l'auteur, certains profils sont plus influençables que d'autres, à commencer par les adolescents et les femmes de classe moyenne. Mais depuis 1957 la situation a évolué. Le sentimentalisme dégoulinant a fait sa place dans la société, déguisé en romantisme en mythe de l'amour, allant jusqu'à contaminer l'homme, remettant en cause son identité, le dépossédant de sa virilité. [...]
[...] Elle stagne, s'accumule. La star est une psychose, une présence obsédante derrière l'épaule du spectateur.Elle hante la frontière entre la conscience et l'inconscient, alimentant nos pulsions inavouées tout en s'en nourrissant.D'où la dialectique des participations et de l'affirmation de stimulées par la Star.L 'identification imaginaire devient identification pratique Les comportements observés chez les idoles de l'écran ressurgissent armés de nos fantasmes, qui ne sont plus vraiment les nôtres. Pour Edgar Morin, la star est à la fois un mythe et une marchandise. [...]
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