Les sommets de l'état, l'autonomisation croissante de l'appareil politico-administratif sous la Ve République, Pierre Birnbaum, politique, fonctionnaires, cabinets ministériels, Michel Debré, ENA, affaires privées, affaires publiques
Pierre Birnbaum est un sociologue et historien français né en 1940. Il devient professeur à Paris I ainsi qu'à Science Po Paris où il enseigne la sociologie. Ses sujets de prédilection sont l'histoire des juifs (étant lui-même juif durant la grande période antisémite en Europe), et l'étude de l'État français.
[...] Ces entreprises publics et para-publics revêtent différents rôles pour les “pantoufleurs”, elles peuvent être des anti-chambres vers le privé, des récompenses de fin de carrière ou encore des moyens de reconversion suite à un poste dans un cabinet ministériel. L'homogénéité constatée plus tôt apparaît donc d'autant plus forte qu'une même personne a pu travailler tout au long de sa carrière dans l'administration, le gouvernement et les entreprises, et cela toujours dans des postes à très forte responsabilité. La séparation entre affaires publiques et entreprises semble donc de plus en plus floue. [...]
[...] Cela à tel point, qu'on parle même de fonctionnarisation des grandes entreprises. En effet, les “pantoufleurs” lors de leurs sortie de la fonction publique, intègrent directement les directions ou les conseils d'administration des plus grandes entreprises françaises. Ainsi P.Birnbaum nous informe que sur les 100 plus grandes entreprises françaises en des PDG ont travaillé précédemment dans le secteur administratif. Cela étant dit, on remarque donc une très forte homogénéité des membres composant les sommets de l'administration, du pouvoir exécutif (par le biais des cabinets) et des élites économiques (via le pantouflage). [...]
[...] Cette démocratisation est néanmoins à nuancer, étant donné que le parcours pour intégrer l'ENA passe de manière quasi systématique par Sciences Po Paris (ces élèves étant pour la plupart enfant de la haute bourgeoisie). La création d'une haute fonction publique a attiré les intérêts. Celle- ci constituée des meilleurs éléments scolaires du pays est fortement prisée par les acteurs para-publics et privés. Mais, à l'heure des Plans, les hauts fonctionnaires dominent l'économie et ne portent donc pas de grands intérêts au secteur privé. [...]
[...] Sous la V République, la distinction ne se fait plus puisque les fonctionnaires monopolisent les cabinets ministériels (à hauteur de 90%). Ces fonctionnaires sont pour la plupart des membres des grands corps Néanmoins, ils demeurent subordonnés au ministre qu'importe leurs convictions politiques. Il y a donc une politisation croissante de la haute fonction publique. Les membres des grands corps sont les meilleurs de promotion. Ceux-ci ont pour la plupart en commun d'appartenir au sommet de la hiérarchie sociale. Les cabinets ministériels sont ainsi, malgré les partis au pouvoir, composés de membres venant des classes supérieures. [...]
[...] Cependant, cela ne signifie pas que la V république est un régime aristocratique. En effet, le recrutement de ces fonctionnaires reposent sur le principe de méritocratie, celui-ci étant à l'origine de leur légitimité. C'est la “République des bons élèves”. On assiste à une professionnalisation technocratique du politique, réduisant ainsi la logique traditionnelle “mandarinale” (M.Dogan). Il n'apparaît effectivement plus nécessaire d'être membre d'une organisation partisane ou d'être élu pour participer à l'exercice du pouvoir. Cela est rendu possible par le développement des cabinets ministériels, véritable antichambre vers la nomination à un gouvernement. [...]
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