Sociologie de la jeunesse, d'Olivier Galland - chapitre 1 « L’invention de la jeunesse »

Résumé du document

L'intérêt que nous portons aujourd'hui aux enfants et aux adolescents n'a pas toujours été de mise. Les travaux de Philippe Ariès, mettent en évidence la transformation du rapport social à ces catégories de la population, sous l'Ancien Régime par exemple, l'intérêt porté aux premières années de la vie d'un enfant relève plus du ‘mignotage' (intérêt pour les pitreries, les maladresses des enfants), que de l'affection et de la tendresse familiale que nous connaissons actuellement. La jeunesse et l'adolescence ne sont pas reconnues comme ‘âge spécifique de la vie'. Comme l'explique notre auteur, l'ouvrage d'Ariès apporte une contribution précieuse à l'histoire des représentations des différents âges de la vie.

Olivier Galland reprend ici un large extrait des ‘Essais' de Montaigne qui permet de témoigner de la relation entre les parents et les enfants. A l'époque, les enfants n'appellent pas leurs parents par les termes ‘père' ou ‘mère' mais par une terminologie beaucoup plus impersonnelle.

Extraits

[...] Romantisme et mal du siècle Le XIXe est un siècle particulier pour la jeunesse. On note bien évidemment une ouverture en matière d'initiative personnelle et d'ambition, mais en même temps, on note la mise en place d'un véritable dispositif d'encadrement moral et institutionnel. Notre auteur remarque ainsi que le XIXe est le siècle qui, tout en plaçant la famille au cœur de sa morale, inaugure la forme moderne du conflit des générations . Moralisation et encadrement Le XIXe est ponctué de révolte des jeunes. [...]

[...] Sociologie de la jeunesse, Olivier Galland Chapitre I «L'invention de la jeunesse» La jeunesse ignorée ? L'intérêt que nous portons aujourd'hui aux enfants et aux adolescents n'a pas toujours été de mise. Les travaux de Philippe Ariès[1], mettent en évidence la transformation du rapport social à ces catégories de la population, sous l'Ancien Régime par exemple, l'intérêt porté aux premières années de la vie d'un enfant relève plus du ‘mignotage' (intérêt pour les pitreries, les maladresses des enfants), que de l'affection et de la tendresse familiale que nous connaissons actuellement. [...]

[...] Le mérite n'a pas vraiment de place, ce qui compte, c'est la naissance. Il faudra en fait attendre le milieu du XVIIIe pour que la notion de mérite fasse son apparition. Des citoyens utiles Avec Louis-René Caradeuc de la Chalotais et avec son ouvrage ‘Essai d'éducation nationale', le milieu du XVIIIe voit le passage de l'idée d'une éducation ‘mondaine' à l'idée d'une éducation ‘nationale'. Ce qui change profondément, c'est le but qu'on assigne à l'éducation, dans le cas de l'éducation mondaine, il s'agissait de bien savoir se tenir en société, dans le cas de l'éducation nationale, il s'agit d'être utile à la nation. [...]

[...] Sous la plume de Charles Wagner par exemple, la jeunesse est traitée comme une entité homogène (par delà les différences de situations sociales, d'éducation Elle possède ainsi certains traits caractéristiques et l'indiscipline dont elle fait preuve s'explique par un malaise social. La jeunesse désigne en fait ce personnage collectif dans lequel la société investit ses craintes et ses espoirs . La jeunesse mobilisée On voit peu à peu apparaître des enquêtes visant à décrire la jeunesse en tant que groupe social particulier. [...]

[...] Elle est réservée à ceux qui doivent tenir un rang, elle ne concerne donc que la jeunesse aristocratique. Cette jeunesse se démarque déjà par son attitude, son allure, sa parure, son langage et ses mœurs, voilà pourquoi elle doit être éduquée. Ainsi, selon Jean Pic[7] : les règles de la société civile veulent que l'on ait un esprit docile, et une humeur aisée et accommodante, afin de se conformer à celle des autres autant qu'on le peut, et de concourir au bien de la société qui consiste dans un juste rapport d'humeur et de sentiments, et dans l'union des esprits et des cœurs or, La plupart des jeunes gens qui ne se sont fait aucun principe de raison et de politesse avant de s'engager dans le commerce du monde, s'abandonnent à toutes sortes d'occasions au caprice de leur humeur, et au désordre de leurs différentes passions c'est donc bien par l'éducation que de tels comportements peuvent se résorber. [...]