La sociologie aux Etats-Unis aujourd’hui - Angèle Christin & Etienne Ollion

Thèmes abordés

sociologie, Etats-Unis, Angèle Christin, Etienne Ollion, sociologue, USA

Résumé du document

Depuis la visite de M. Halbwachs à Chicago en 1930, les articles américains restent souvent déconcertants pour les chercheurs français. De plus, si les sociologues français connaissent bien certains domaines de recherche de la socio étasunienne, des pans entiers de sa structure restent mal connus. Ce livre a pour but de faire découvrir les nouvelles orientations de la socio étasunienne.

Extraits

[...] Angèle Christin, Etienne Ollion La sociologie aux Etats-Unis aujourd'hui. La Découverte, collection Repères Introduction. Depuis la visite de M. Halbwachs à Chicago en 1930, les articles américains restent souvent déconcertants pour les chercheurs français. De plus, si les sociologues français connaissent bien certains domaines de recherche de la socio étasunienne, des pans entiers de sa structure restent mal connus. Ce livre a pour but de faire découvrir les nouvelles orientations de la socio étasunienne. Le changement de fonctionnement de la discipline se manifeste à travers deux déplacements qui sont : -La trajectoire épistémologique singulière : depuis les 1980's, une majorité de travaux se rapprochent du modèle des sciences de la nature. [...]

[...] La sociologie étasunienne met en effet l'accent sur la création de concepts transposables et d'explications généralisables. Le format précédent se donne à voir dans plus de 80% des articles, ce qui peut être déconcertant pour un chercheur étranger. L'institutionnalisation de ce régime épistémologique remonte aux 1950's, où le centre névralgique de la socio bascule de Chicago à la côte Est, et avec ce déplacement géographique a lieu en même temps un passage des méthodes qualitatives à de l'analyse quantitative. -Une forte spécialisation interne : la vie intellectuelle de la discipline s'est peu à peu éclatée pour s'organiser autour de thèmes précis (sociologie économique, de la culture Par exemple, l'American Sociological Association compte 14000 sociologues pour 51 sections en 2011, elles n'étaient que 20 en 1980. [...]

[...] En 1985, Granovetter publie l'article fondateur de la sociologie économique en se basant sur le concept d'encastrement de la vie économique. La notion d'encastrement date des 1940's et de Polanyi dans La Grande Transformation. Granovetter reprend cette idée en énonçant la théorie de l'encastrement, qui explore le rapport entre relations sociales complètes et activité économique. La sociologie économique doit ainsi analyser des relations d'interdépendance entre réseaux et comportements économiques individuels. Loin d'être anonymes, les relations de marché s'appuient sur de nombreuses relations 1 sociales préexistantes. [...]

[...] Tout d'abord, un certain nombre d'interrogations sur le type d'activité économique étudiée sont soulevées. Plusieurs auteurs inspirés du courant féministe comme Zelizer (2005) voient dans le travail domestique une production de biens et de services rares (nettoyage de la maison, préparation du repas, aide aux devoirs) et donc une activité économique à part entière, bien que la plupart des économistes rechignent à le considérer comme tel. De plus, l'inégalité des travaux ménagers a des fondements sociologiques : le partage des tâches ménagères se fait en fonction du pouvoir relatif au sein du couple, souvent mesuré par le revenu, et selon une analyse genrée, le travail symbolique est un marqueur normatif et performatif de la féminité, ce qui met en scène la femme en tant que femme. [...]

[...] Dans un deuxième temps, une analyse en termes de capital social s'est également développée. «Manière de s'assurer des bénéfices de par son appartenance à certains réseaux ou d'autres structures sociales le capital social se distingue de l'encastrement : le capital social se centre autour de l' ego de l'individu ; on s'intéresse beaucoup plus aux bénéfices matériels et symboliques grâce à l'appartenance à tel ou tel réseau ; enfin, après les travaux de Bourdieu, on s'intéresse aux conséquences négatives des réseaux sociaux. [...]