Le livre de François Dubet et Danilo Martuccelli « Dans quelle société vivons-nous ? », publié en 1998 par d'un constat initial qui est celui d'un déclin de l'idée de société. Cette formulation entend rendre compte de l'essoufflement d'un certain mode de représentation de la vie sociale, celui qui avait été construit entre la seconde moitié du 19ème siècle et les années 1950. L'idée de société était une philosophie sociale, une métaphore s'efforçant de décrire la société, alors que celle-ci entrait dans la révolution industrielle ; cette représentation permettait de reformuler les vieilles questions de l'ordre, de l'action. Aujourd'hui cette idée de société correspond à « un type idéal antérieur, vis à vis duquel la société contemporaine connaît une longue crise ». Les débats sociologiques ne mettent plus en avant des représentations et des théories de la totalité sociale, mais proposent des conceptions de l'acteur, du sujet. L'idée de totalité a été repoussée à l'arrière de la scène sociologique. « La société ne peut plus être représentée comme un ensemble naturel intégré autour d'une culture, d'un mode de production, de fonctions ».
Dans une société telle que Dubet et Martuccelli la présentent, les mouvements sociaux ne peuvent qu'être eux aussi marqués par un certain éclatement, et c'est cette multiplicité qui tend à poser la question du sens même que la société veut se donner, et du sens qu'elle donne à l'idée de société : « la cohérence des mouvements sociaux n'est plus donnée par un seul de ces mouvements, mais par le « système » qu'ils constituent et qui est celui des débats et des façons dont une société se prend en charge elle-même ».
[...] Le taux de syndicalisation (part des syndiqués dans la population active occupée) a beaucoup décru depuis 30 ans. Aujourd'hui, en France, on estime que environ des travailleurs sont syndiqués (près de 40% l'étaient en 1950). Le taux de syndicalisation reste bien plus élevé dans le secteur public que dans le secteur privé (où il est d'environ 3.5 dans les grandes entreprises que dans les petites, même s'il a diminué partout. La diminution de l'influence des syndicats se voit aussi au fait que certains conflits, parmi les plus durs de ces dernières années, démarrent en dehors des syndicats. [...]
[...] La classe ouvrière a éclaté. Le déclin du nombre d'ouvriers lié à la désindustrialisation ne suffit pas à expliquer la désyndicalisation. On assiste à un fort affaiblissement de la classe pour soi avec l'éclatement du groupe, une partie s'étant moyennisée et l'autre paupérisée depuis les années 1980. Mais aussi avec la perte des bastions industriels (sidérurgie, charbonnage, chantiers navals, textile) dans lesquels la présence syndicale et ouvrière était massive, c'est le symbole de la force de la classe ouvrière qui a cessé d'être incarné, ce qui a renforcé la baisse du nombre des ouvriers non qualifiés. [...]
[...] Ces nouveaux mouvements sociaux opposent l'État à ses usagers et à l'émergence du sujet. C'est en cela que l'on remarque un tournant dans la structure des mouvements sociaux, la contestation se situe de plus en plus au niveau culturel et social, comme ce fut le cas pour les évènements de 1968. De plus, ce ne sont plus seulement les salariés les acteurs du mouvement, ce sont aussi les étudiants, les cadres, les sans les anti . Dans le cas des manifestations de Décembre 1995, on peut constater que les deux formes de mouvements sociaux sont présentes. [...]
[...] On assiste donc en effet, on a un éclatement du collectif de travail, à conflits entre les stables et les instables. On peut ajouter à cela le paradoxe d'Olson. Olson analyse les ressorts de l'action collective en s'inscrivant dans une approche individualiste, utilitariste et rationnelle. Il critique l'approche marxiste, selon laquelle l'individu aurait la même rationalité que le groupe, en se mobilisant pour obtenir un avantage dont tous pourraient profiter, quelle que soit leur mobilisation. Ils n'ont donc d'intérêt à se mobiliser, mais au contraire à laisser les autres le faire pour eux (stratégie du passager clandestin). [...]
[...] - critères politiques : la crise du PCF, de la Gauche et de l'état providence et la répression. - critères sociaux : la tertiarisation, le développement du féministe, les conflits s'institutionnalisent et l'individualisme se développe ( paradoxe Olson : un individu ne participera pas si le coût de la participation à l'action collective est supérieur aux avantages qu'il peut en retirer). Dubet et Martuccelli nous expliquent qu'aujourd'hui ce n'est plus la société qui structure les mouvements sociaux mais que ce sont les luttes sociales qui représentent la société au travers de trois thèmes : - la compétition mondiale : elle vise à créer une alliance avec les précaires pour lutter contre la forte insécurité de l'emploi - la défense des acquis sociaux : il s'agit de préserver son statut social malgré les bouleversements extérieurs. [...]
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