Salarié, précarité salariale, espace social, intégration professionnelle, Serge Paugam, travail, emploi, Max Weber, intégration assurée, capitalisme
Cet extrait de l'ouvrage de Serge Paugam, "Le salarié de la précarité", commence par poser les bases de ce qui va être son analyse sur l'intégration professionnelle, illustrée par des sociologues des deux derniers siècles.
La base de cette analyse est la distinction entre le travail et l'emploi. Non seulement ces termes désignent deux concepts très différents en sociologie, mais le rapport des individus à chacun d'eux est très différent. En effet, ce qui en découle est un rapport au travail qui relève de la logique productive de la société industrielle et un rapport à l'emploi qui relève de la logique protectrice de l'État-Providence. Le travail peut donc être un facteur d'aliénation tout autant que d'épanouissement, alors que l'emploi, lui, peut être source d'un certain statut social comme de profonde instabilité sociale.
[...] Non, ce qu'il entend par un tel concept est la schématisation de la réalité, la construction d'une idée pour mieux la comprendre et la déchiffrer. C'est d'ailleurs ce « type idéal » d'intégration qui va servir à la sociologie du travail de base à son analyse sur l'intégration professionnelle. Comme nous le verrons plus tard, ce type de situation sert de référence à l'étude des déviations, véritables intérêts de l'étude de l'intégration professionnelle d'un individu par la sociologie du travail. Mais quelle est cette intégration parfaite ? [...]
[...] Ces derniers semblaient d'ailleurs même moins passionnés par leur travail au quotidien que les actifs à emploi temporaire ou poste plus instable. Ce type de déviation est donc la preuve que la relative instabilité de l'emploi n'engendre pas automatiquement un rapport plus négatif de l'individu en question au travail. Ce pourquoi ce premier type de déviation repose uniquement sur un rapport à l'emploi imparfait, puisque le poste est plus instable. Le deuxième type de déviation concerne, lui, un bon rapport à l'emploi mais un rapport au travail imparfait. [...]
[...] Dans ce type d'intégration, qui est le plus imparfait, ou la déviation la plus radicale au concept d' « intégration assurée », il n'y a aucune forme de reconnaissance de l'individu, ni dignité, ni stabilité. Cette typologie des intégrations de l'individu par le milieu professionnel est une approche structurelle des conditions économiques et sociales du développement du capitalisme moderne. Et comme nous l'avons déjà évoqué précédemment, ces trois déviations ne sont qu'un outil, bâti à partir d'un schéma de pensée, pour analyser la réalité socio-économique de l'intégration sociale. [...]
[...] Le salarié de la précarité, L'espace social de l'intégration professionnelle, pages 95 à 103 - Serge Paugam (2000) - Distinction entre le travail et l'emploi En quoi le rapport au travail diffère-t-il du rapport à l'emploi ? Cet extrait de l'ouvrage de Serge PAUGAM, Le salarié de la précarité commence par poser les bases de ce qui va être son analyse sur l'intégration professionnelle, illustrée par des sociologues des deux derniers siècles. La base, justement, de cette analyse est la distinction entre le travail et l'emploi. [...]
[...] Il décrit donc une situation où l'individu ne se sent ni utile à la production globale, c'est-à-dire qu'il n'apporte aucun bien ou service de valeur ajoutée à la société, et il ne se sent pas non plus former partie d'un groupe défini par un certain statut social, parce qu'il ne jouit pas de droits sociaux qui le protègent. Il y a alors insatisfaction dans le travail et instabilité de l'emploi. L'individu ressent cette situation où il a un statut inférieur aux autres du groupe et aucun espoir d'amélioration en perspective par son travail. [...]
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