Commentaire du texte de Rousseau Du droit du plus fort. Cette analyse comprend des références et des citations et propose une réflexion sur le problème posé par Rousseau : la force fait elle le droit ? Dans quelle mesure peut-on l'imaginer ?
[...] Or, qu'est-ce qu'un droit qui périt quand la force cesse ? S'il faut obéir par force, on n'a pas besoin d'obéir par devoir ; et si l'on n'est plus forcé d'obéir, on n'y est plus obligé. On voit donc que ce mot de droit n'ajoute rien à la force ; il ne signifie ici rien du tout. Obéissez aux puissances. Si cela veut dire : Cédez à la force, le précepte est bon, mais superflu ; je réponds qu'il ne sera jamais violé. [...]
[...] Rousseau commence donc ce deuxième paragraphe par Supposons un instant ce prétendu droit . pour introduire la mise à l'épreuve du droit du plus fort Et ainsi, dès la phrase suivante, Rousseau critique ouvertement, dénigre cette théorie : il parle de galimatias inexplicable c'est-à- dire d'un discours confus, pour désigner cette invention de droit du plus fort Il justifie cela en expliquant que si une force établit un droit, alors les droits sont en constante instabilité puisqu'ils changent à chaque nouvelle force. [...]
[...] La force est une puissance physique ; je ne vois point quelle moralité peut résulter de ses effets. Céder à la force est un acte de nécessité, non de volonté ; c'est tout au plus un acte de prudence. En quel sens pourra-ce être un devoir ? Supposons un moment ce prétendu droit. Je dis qu'il n'en résulte qu'un galimatias inexplicable ; car, sitôt que c'est la force qui fait le droit, l'effet change avec la cause : toute force qui surmonte la première succède à son droit. [...]
[...] Mais alors que Rousseau dénonce tout usage catégorique de la force au sein d'un Etat, d'une société, ne pourrions-nous pas, en nous appuyant sur la thèse de Kant, pour lequel un acte n'est moral que s'il est motivé par le seul sens du devoir, dire que l'usage de la force dans le cadre de dictatures ou d'Etats totalitaires peut être moral, légitime, s'il ne vise in fine qu'au bonheur des citoyens et à la prospérité de l'Etat ? A l'origine, Hitler et Staline, dans leurs actes, ne visaient-ils pas avant tout à redonner à leurs pays respectifs leur grandeur d'antan ? Machiavel a également écrit que la fin justifiait les moyens . L'usage de la force est-il alors toujours condamnable ? Bibliographie -Dictionnaire La Philosophie de A à Z. [...]
[...] Ainsi, il existe aujourd'hui de par le monde de nombreux peuples régis par ce droit du plus fort que ce soit dans des pays ravagés par la guerre civile, comme l'Ethiopie où l'Etat garant des libertés des individus est absent et où la possession d'armes assure l'autorité, ou dans nos sociétés occidentales contemporaines, comme c'est le cas de la ville de Naples en Italie, abandonnée aux mains d'une puissante mafia locale (la Camorra), fonctionnant elle-même comme un véritable Etat : une hiérarchie, des valeurs communes et certaine notion de justice illustrée par les règlements de compte sanglants qui s'y produisent. Force est de constater que ce droit, même s'il n'est pas légal, est quand même réellement établi en principe un peu partout dans le monde. L'auteur met donc ici en lumière d'importants dysfonctionnements au sein de cette théorie qui donne la primauté aux individus les plus forts et les plus bestiaux. Cette expression de droit du plus fort se révèle ainsi être un oxymore plus qu'une simple association. [...]
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