Respect : de la dignité de l’homme dans un monde d’inégalité, Richard Senette, interrogation, respect, estime
Pour l'auteur, le talent ne s'interprète pas de la même manière selon l'époque, le contexte historique et social.
« Le concours de Leeds illustre » bien le renouveau qui s'installe dans la société moderne, en l'occurrence, celui d'ouvrir l'accès aux jeunes artistes peu importe l'origine sociale.
Le seul mot d'ordre étant de laisser s'exprimer ses talents, « ses capacités personnelles » (P : 81). Avant, le talent était disait-on transmis héréditairement de génération en génération, « la capacité n'avait pas grand-chose à voir avec la hiérarchie » (P : 82). Les notions d'excellence, de compétence viennent s'ajouter aux critères requis pour gravir les échelons sociaux. Ce nouveau système fit alors « place à des hommes neufs » (P : 83).
Par la supériorité du calcul, de la rationalité et de la mathématisation financière sur les « mots », la maîtrise des techniques quantitatives accorde à l'esprit personnel une place prépondérante. La notion de talent se qualifiait par l'aptitude à réussir sans demander l'aide de l'autre et se percevait comme une acuité personnelle intérieure difficilement contrôlée par l'autorité royale : c'était « l'aristocratie naturelle » (p : 85) à l'opposé d'une aristocratie artificielle fondée sur la naissance….
[...] : 102-103) Rousseau prolonge ces deux modes de pensées en distinguant l'amour pour soi de l'amour propre, la capacité de prendre soin de soi et celle d'attirer l'attention sur soi : 104). Entre le désir d'être et de rester soi même et l'envie d'être quelqu'un d'autre, c'est-à-dire entre une forme de confiance et de revalorisation de soi à travers ses travaux et entre la diffusion de sa supériorité et l'impression d'être aimé par les autres. En outre, pour Rousseau l'amour de soi s'effondre lorsque l'individu abandonne les activités premières et primaires de sa vie pour s'adonner à des croyances hasardeuses, à quelque retour de fortune : 106). [...]
[...] Dans l'extrait de l'ouvrage Respect : de la dignité de l'homme dans un monde d'inégalité par Richard Senette nous sommes face à une interrogation sur la question du respect et de l'estime. L'estime peut-elle être distribuée de manière équitable, égale ? L'auteur s'interroge sur la distribution du talent, sur son évolution dans la société. Comment se construit le talent ? Quelle approche sociologique peut-on mettre en lien sur le don ? Pour l'auteur, le talent ne s'interprète pas de la même manière selon l'époque, le contexte historique et social. [...]
[...] La notion de talent se qualifiait par l'aptitude à réussir sans demander l'aide de l'autre et se percevait comme une acuité personnelle intérieure difficilement contrôlée par l'autorité royale : c'était l'aristocratie naturelle : 85) à l'opposé d'une aristocratie artificielle fondée sur la naissance . Le concours de Leeds présentait alors formidablement bien l'exemple d'une carrière ouverte au talent. Il faut noter également que le talent n'était certes pas artificiel, c'est-à-dire fondé sur la richesse comme le met en évidence cet extrait mais construit, régulé et maintenu autour d'institutions informelles et imaginées Des réformateurs qui proposent les postes des concours. Des formateurs qui s'occupent des nouvelles recrues Une mesure, une norme objective sur laquelle sont évalués les candidats. [...]
[...] Le propre du monde moderne est d'avoir érigé une bureaucratie plus générale du talent : 87) et de l'avoir rendu public aussi bien dans l'échec que dans la réussite. Néanmoins, le fait de rendre le talent public ne va pas de pair avec sa compréhension. Dans la société moderne, la tendance serait en effet de maîtriser un savoir faire, une virtuosité inaccessible, incompréhensible. Nous assistons alors à une évolution technique, spécialisée et mystérieuse du talent compte tenu de son incompréhension de la part du public auquel il est proposé. [...]
[...] Néanmoins, tout comme sa signification, l'utilisation du talent n'est pas immuable et dépend de l'individu qui en fait usage. En effet, le talent suscite le respect mais sous deux formes : comme une fin en soi ou comme la possibilité de montrer son talent. Le métier serait comme une fin en soi, ou l'existence des autres et l'image qu'ils ont de nous ne seraient que secondaires face à l'exigence du métier. Il nourrit le respect de soi mais pas nécessairement le respect mutuel. [...]
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