Publié dans le journal Le Monde en date du vendredi 9 janvier 2009, l'article de Pierre Le Hir, intitulé « L'aide au développement face à la barrière de la langue », nous livre un aperçu des difficultés liées à l'absence de traduction dans les langues locales africaines des divers axes des programmes d'aide au développement.
Des études réalisées par des chercheurs spécialisés en langues et culture africaines démontrent que cette question de la langue est plus qu'un simple corollaire à la bonne réussite des programmes d'aide ; elle en est une condition nécessaire. Malheureusement, cette problématique paraît encore être assez mal envisagée par les monteurs de projets. Ainsi, la logique du « top-down » prévaut souvent dans la mise en place de la communication et il est constaté au final, une mise à l'écart des populations africaines bénéficiaires. Plus largement, cela revient à évincer les spécificités culturelles de ces populations.
Traduits de manière trop littéraire, certains mots perdent leur sens initial et peuvent même en acquérir un nouveau qui peut parfois heurter les populations eu égard à leurs modes de vie et leurs croyances. De tels exemples se retrouvent souvent lorsqu'il s'agit de transposer des informations liées à la santé et à la sexualité. La perception à la base de ces questions diverge déjà beaucoup entre les initiateurs des projets et les locaux et la mauvaise traduction dans ces domaines renforce les difficultés à faire passer l'information.
C'est pourquoi il est primordial d'insister sur la nécessité de la bonne traduction en langue locale afin d'éviter de perdre du temps dans la réalisation des programmes. Cela est d'autant plus important car la bonne « réception » du texte par les populations permet leur insertion au sein même du projet. Les populations sont alors en mesure de s'approprier un projet et ainsi d'en assurer la pérennité.
L'importance de la linguistique est telle qu'elle est soulignée par les instances internationales comme la Banque Mondiale qui ne manque pas de rappeler, comme condition de la bonne mise en œuvre des programmes d'aide, l'échange en langues locales avec les bénéficiaires qui peuvent alors faire partie intégrante des programmes en tant que véritables partenaires locaux.
[...] On ne peut pas deviner ce qu'elles pensent sans leur demander directement, on ne connaît pas les motivations de leur comportement. Elles ont peut-être toutes les raisons de se mettre en retrait, reste à savoir lesquelles et voir s'il y a quelque chose à faire et si elles en éprouvent le désir, suite à cet échange discret. Comme dans d'autres cas, il n'est pas convenable de s'approprier l'histoire des personnes et d'intervenir à leur place. Il convient donc ici de se renseigner sur la place des femmes au Mali et respecter cela. [...]
[...] Bien sûr, la place et le rôle des femmes ne sont pas immuables et c'est grâce au courage de certaines que les conditions évoluent en bien, mais en tant que stagiaire qui découvre la place que certaines femmes occupent encore, il serait inapproprié de vouloir transformer les choses de manière inadaptée. Surtout que le rôle d'Aminata est simplement d'observer et d'être attentive à la problématique 'genre' et non pas de poser un jugement ou de remettre en cause les choses déjà établies. [...]
[...] Il faut arriver à se mettre à leur place et imaginer ce que nous ressentirions si nous étions entourés de personnes parlant une langue inconnue et attendant des réponses de notre part. La situation paraît presque inconcevable. On ne peut pas arriver chez les autres et imposer notre façon de faire et de dire. Si on veut rencontrer l'autre, il faut en premier lieu s'intéresser vraiment à lui. Ce n'est ainsi pas pour rien que les ethnologues, lorsqu'ils se rendent en pays étranger observer les coutumes, mœurs, croyances et traditions des populations, apprennent en premier lieu leur langue. [...]
[...] Elle attendait quelque chose de leur part, qu'elle n'a malheureusement pas eu, et transforme ainsi une expérience en une généralité. Elle ne s'est pas plus intéressée à eux que dans la mesure de son travail. Elle n'a pas cherché à savoir qui ils étaient vraiment, comment ils vivaient et n'a pas plus approfondi que ça les problèmes rencontrés. La preuve en est qu'elle s'est retrouvée exactement dans la même situation deux fois de suite. Si elle avait voulu comprendre pourquoi ils "refusaient" de répondre aux questions, elle aurait peut-être pu régler le problème et avancer dans son travail. [...]
[...] Les propos de Jacques semblent nous montrer une véritable impasse entre les formateurs et les villageois. Le problème de la langue ne semblait pas être la cause des difficultés. Les explications proposées par les villageois n'ont pas l'air d'être réellement prises en compte par l'équipe de formation. Cette dernière est très interloquée de la situation et semble se soucier du bon déroulement du programme. Jacques nous dit que son équipe a tout repris depuis le début. Mais pour les interlocuteurs il y avait apparemment un décalage entre les chiffres utilisés et les montants annoncés par les formateurs. [...]
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