Sur le processus de civilisation, Tome I, Civilisation des moeurs, 1939, Norbert Elias, processus de civilisation
Norbert Elias est allemand, né à Breslau en 1897 et mort en 1990 à Amsterdam. Contrairement à ce que l'on pourrait croire aux premiers abords de sa lecture aux accents très sociologiques et son manifeste apport à la sociologie contemporaine, N. Elias est philosophe de formation. Etant juif, il fuit le régime nazi pour se réfugier en Suisse puis à Paris puis s'installe à Londres. La « Civilisation des mœurs » est le premier tome du livre « Sur le processus de civilisation » (1939) composé d'un deuxième tome intitulé « Dynamique de l'Occident ». L'axiome présenté dans son œuvre est qu'il pose la civilisation Occidentale comme résultante d'un lent processus de domestication des pulsions et de maîtrise des instincts. Il en appert que la société de cour joue un rôle d'impulsion au processus de la civilisation. Après une carrière d'enseignant, il publie en 1969 la « Société de Cour »
[...] Il est curieux que Laurent Mucchielli, l'un des pourfendeurs les plus coriaces des politiques sécuritaires, adhère à cette théorie. Car celle-ci n'est valable qu'à condition que la violence punitive de l'Etat ne soit pas considérée comme l'une des composantes de la violence sociale. Que seuls y soient inclus les crimes et les délits, c'est-à-dire les actes tenus pour illégaux commis par les particuliers. Comme si la répression étatique, du seul fait d'être légitime et décidée par des procédures démocratiques, ne pouvait pas être conçue comme étant de la violence. [...]
[...] Les ruraux consomment une pauvre quantité de viande, leur condition économique et sociale en est l'explication. La production du serf allait en quasi-totalité au seigneur. Dans la société de cour, les animaux étaient présentés à table en entier, les animaux étaient en entier rôtis à la broche. L'animal est ensuite découpé à table, voilà la raison pour laquelle les manuels de savoir-vivre mettent l'accent jusqu'au XIIème siècle sur l'importance pour un honnête homme de bien savoir dépecer les animaux. Au XIIème siècle cet art du découpage cesse d'être l'indispensable apanage de l'homme de bonne société et cela est dû à différents facteurs : le rétrécissement des ménages, la division des tâches se décline en production et transformation qui passent aux mains du savoir-faire de spécialistes. [...]
[...] Ces textes ci-dessous dépeignent que les normes du savoir-vivre se sont étendues jusque dans les milieux bourgeois et provinciaux : le processus de civilisation se répand dans tous les méandres sociaux : extrait d'une « Civilité française » (anonyme) Il ne faut pas flairer les viandes, ne pas jeter par terre les os, coques d'œufs ni pelures et noyaux, etc : extrait de La Salle : « Les Règles de la Bienséance et de la Civilité Chrétienne : des choses dont on doit se servir lorsqu'on est à table » Certaines « mauvaises habitudes » décrites dans le texte ont déjà disparu des couches supérieures, comme se servir de sa fourchette pour les aliments liquides, Cela montre que le processus de civilisation a pour noyau l'aristocratie, pour atteindre ensuite les couches externes à savoir d'abord la bourgeoisie : extraits de La Salle : « Les Règles de la Bienséance et de la Civilité Chrétienne ». En nota bene, Norbert Elias indique que cet ouvrage est rédigé lors de la période instable politiquement mais aussi charnière et révolutionnaire, sous Louis XV. Période de réformes sociales et d'aspirations réformatrices posant les durables assises de la notion de « civilisation », avec toujours en filigrane l'utilisation du terme « civilité ». [...]
[...] Norbert Elias rappelle l'origine indéfinie du processus de civilisation, et surtout son ancienneté en évoquant une tradition médiévale inspirée de la sagacité de l'Antiquité : « Ne te précipite pas goulûment sur la nourriture ». La civilité correspond à un autre degré de politesse, intégrant l'art et le don d'observer (ex : code vestimentaire, révélateur psychologique), ce qu'on appellera la « Science du monde » qui consiste vaguement à : « bien connaître les hommes tels qu'ils sont en général et entrer ensuite dans la connaissance particulière de ceux avec qui nous avons à vivre, c'est-à-dire, de leurs inclinaisons et de leurs opinions bonnes et mauvaises, de leurs vertus et de leurs défauts. [...]
[...] Les différences ne sont donc pas seulement de comportement, mais elles sont aussi de structure psychique. A la fin de ce chapitre, l'auteur revient sur les mécanismes freudiens de maîtrise des pulsions exercée par l'entourage et plus spécialement les parents sur l'enfant : l'éducation sous-tend un rôle de réfrènement des pulsions de l'enfant par la sévérité du parent, cet être n'étant qu'un « ça » il faut l'amener au « moi », c'est-à-dire à l'état conscient, la conscience des valeurs morales et comportementales se faisant comme indiqué tout au long du chapitre de plus en plus présente et contraignante dans l'attitude à adopter. [...]
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