Le récit de vie produit de la cohérence. Il reproche à l'enquêteur et à l'enquêté de partager une même illusion qu'il appelle « illusion biographique ». Il y a l'idée que la vie a un sens, que l'existence est cohérente et logique. Il y a l'illusion que le récit est rétrospectif. On raconte ce qui s'est passé à partir d'aujourd'hui = téléologie. Comme le narrateur connaît la fin de l'histoire, il est capable de retrouver les causes. Les conséquences présentes, vont déterminer l'élucidation des causes. Du coup, cela fait du narrateur l'idéologue, une personne qui défend une cause, les causes qui l'arrangent. Il va même trouver des causes qui n'existent pas pour simplifier sa vie. Bourdieu parle de création artificielle de sens. Il parle de complicité de l'enquêteur dans cette entreprise. Il partage le même postulat qui est que la vie est une sorte d'unité. C'est un récit avec des intentions : soit causes subjectives ; soi causes objectives (qu'il n'est pas le seul à partager : c'est la crise dira t-on par exemple). Bourdieu dit qu'a l'inverse la vie n'est pas cohérente, il dit même que c'est quelque chose que l'art (Roman, pictural) a montré. Bourdieu dit que la vie est pleine de « bruit et de fureur », elle est opaque, difficilement objectivable par soit même. On est comme un idiot qui est envahi par des interprétations contradictoires du monde.
[...] Les enquêtés sont presque en lutte avec eux mêmes : un corps à corps Soit la personne n'arrive pas à faire du sens avec son histoire, soit, la personne est dans un moment de crise et elle n'arrive pas à faire un récit. La personne change, bifurque. C'est un récit très fragile, mais sur des moments fragiles. Ce n'est pas racontable. Soit ce sont des récits tragiques. Les récits baroques sont souvent des récits qui correspondent à des moments de conflits, de crises personnelles où l'individu n'a pas de prise sur les évènements. Souvent ce sont des enquêtés qui ne veulent pas d'entretien au départ. [...]
[...] Les sociologues n'interrogent pas ces personnes. Nous-nous rendons compte que ce sont des personnes qui s'accordent d'une dignité suffisante qui peuvent faire un entretien. Dans les groupes sociaux, il y a toujours une personne comme cela. Cela renvoie à une forme de domination. Pouvoir raconter son histoire nous classe du côté des dominants. Cette domination par la parole est quelque chose que l'on peut voir dans toutes les classes sociales. Et pourtant, lorsque l'on arrive à formuler les entretiens baroques, ils sont instructifs car ils nous donnent toutes les clés pour formuler les autres entretiens. [...]
[...] Cela montre aussi à quel point les entretiens réussis sont fondés sur la maitrise de soi. Le récit baroque montre le travail du négatif» (au sens de photo), l'envers du décor. Cela montre la fragilité. Pourquoi cette personne n'a pas pu fabriquer de récit de vie ? Qui est capable de raconter sa vie ? Il y a des situations sociales ou on ne peut pas raconter sa vie, ou on est dans une tel misère (sociale mentale) dans une telle indignité que l'on pense que sa vie ne peut être racontée. [...]
[...] Les problèmes du récit de vie. Bourdieu critique la notion de Récit de vie de Bertaut. C'est un récit fondé sur la remémoration. Bourdieu critique tout cela dans l'illusion biographique Critique : Le récit de vie produit de la cohérence. Il reproche à l'enquêteur et à l'enquêté de partager une même illusion qu'il appelle illusion biographique Il y a l'idée que la vie a un sens, que l'existence est cohérente et logique. Il y a l'illusion que le récit est rétrospectif. [...]
[...] Dans le récit de vie on rejette ce qui fait désordre. Alors que dans le baroque il y a du désordre. Les récits baroques montrent que les instances de socialisation ne marchent pas toujours. Le récit de vie c'est un monde commun qu'on élabore. Ce que la personne raconte, c'est ce qu'elle veut bien nous raconter. Ce n'est pas un problème de ne pas tout savoir dans un entretien, lorsqu'une personne ne dit pas tout ou oublie. Cela fait partie des évènements qui ne se disent pas (tabou Dans le récit de vie on a rarement accès aux tabous. [...]
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