Sexualité, hétérosexualité, homosexualité, bisexualité, transgenre, transexualité, hétéronormativité, Le pédé, la pute et l'ordre hétérosexuel, Isabelle Clair, inégalité de genre, jeunesse et sexualité
Isabelle Clair consacre ses travaux de recherche en sociologie à la sexualité et à la conjugalité des jeunes issus des classes populaires. Elle est rattachée au CNRS et au laboratoire du CRESSPA.
Dans cet article, paru en 2012 dans la Presse de Sciences Po, la sociologue s'intéresse plus particulièrement au concept d'hétéronormativité.
Dans la mesure où l'hétéronormativité régule les rapports sociaux de genre et la sexualité des individus, elle part du principe qu'il peut être mobilisé dans l'ensemble des études traitant de la sexualité, qu'il s'agisse des personnes hétéros, homos ou bisexuelles, transsexuelles ou transgenres.
[...] La construction de l'identité sexuelle des garçons : la virilité comme préconstruit de l'ordre hétérosexuel L'homosexualité chez les garçons des classes populaires est considérée comme la principale déviance. La virilité est directement remise en cause et c'est la figure du « pédé » (p. 70) qui est contestée. L'homosexualité masculine est rejetée dans la mesure où elle est considérée comme déviante par rapport à l'ordre hétérosexuel. La sociologue explique que si ces stigmates sont aussi forts c'est notamment en raison de la manière dont l'identité masculine s'est construite en opposition à celle féminine. [...]
[...] Les hommes, quant à eux, subissent un stigmate individuel : ils doivent s'éloigner des assignations féminines pour faire-valoir leur virilité. Une comparaison avec des jeunes issus des autres classes sociales et/ou ayant une autre orientation sexuelle aurait permise de comprendre combien l'hétéronormativité structure l'ensemble des rapports de genre que ce soit en adéquation, par opposition ou par défaut. [...]
[...] Peu importe l'orientation sexuelle ou le genre, la sociologue insiste sur le fait que l'hétéronormativité continue de structurer les rapports sociaux. En conséquence, cela influe fortement sur les représentations et les pratiques des jeunes ainsi que sur leur identité sexuée et sexuelle. En mobilisant le concept de stigmate développé par Goffman (1975), cet article analyse la manière dont les jeunes des classes populaires forgent leur identité sexuelle selon les attentes normatives, soit en opposition à ces normes (« figures repoussoirs », p. [...]
[...] L'entrée dans la vie amoureuse, selon l'ordre hétérosexuel des jeunes des milieux populaires, est marquée par des codes où chacun doit tenir son rôle de genre. Les rapports sociaux de genre régulent l'identité sexuelle de chacun.e. Devenir une femme : entre cadre hétéronormatif et inégalités de genre En revanche, si nous avons parlons de complémentarité précédemment, la sociologue explique que des inégalités ont lieu dans les rapports de genre. Outre l'hétéronormativité qui limite les possibles pour les garçons comme les filles, nous insistons également sur le fait que ces dernières subissent des inégalités par rapport à la codification de l'identité sexuelle masculine. [...]
[...] En d'autres termes, leur apparence est sexualisée et leur sexualité ne peut avoir lieu qu'à partir du moment où elles sont en couple. Adopter les codes masculins entrave immédiatement leur féminité. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle certaines enquêtées expliquent qu'à partir du moment où elles sont en couple, elles en viennent à adopter une conduite considérée davantage féminine (tenues, comportements etc.). L'injonction à une sexualité exclusive et conjugale est valable uniquement chez les filles. Si cette exclusivité n'est pas respectée, la culpabilité les envahit tant les remarques des proches, en l'occurrence leurs proches masculins ou leur famille, sont présentes. [...]
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