Ce texte de Schopenhauer, extrait de Parera & Paralipomena a pour but de présenter la notion de « société ». Est-elle nécessaire à l'homme, lui permet-elle de s'améliorer ? Schopenhauer soutient, ironiquement, que la société n'est bonne que pour les faibles, qui ne sont pas capables de vivre et de se développer par eux-mêmes. La société est-elle un mode de développement imparfait où chacun doit obligatoirement se méfier de l'autre, dans ses actes comme dans ses relations ?
La première partie du texte de Schopenhauer se construit sur un apologue, celui des porcs-épics. Cette manière d'écrire permettra à l'auteur, par la suite, de mieux introduire et d'expliquer la thèse qu'il tente de faire car au porc-épic il associera en fait une autre espèce : l'homme.
Il commence par analyser le rassemblement de porcs-épics soumis à une contrainte naturelle défavorable : « [le froid d'une] journée d'hiver ». Ces animaux ne peuvent pas survivre individuellement dans des conditions hivernales, puisqu'il leur faut un minimum de chaleur. Ainsi l'auteur nous explique qu'ils se disposent en « un groupe serré ». Chacun des individus se rapproche de l'autre et petit à petit se forme un peloton suffisamment important pour pouvoir assurer à chacun la chaleur nécessaire à sa survie.
[...] Le rapprochement des hommes n'est donc pas envisagé de la même manière chez tous les philosophes. Entre ceux qui prônent la manière douce et ceux qui voient plutôt la manière forte, il n'est pas évident de choisir qui a raison, mais chacune des deux thèses a des arguments convaincants et tenables, si bien qu'il ne faut peut-être pas se poser la question du comment ça c'est déroulé ? mais plutôt se demander quels en ont été les conséquences, les améliorations ou au contraire les défauts, les éléments néfastes. [...]
[...] son esprit, ses comportements. Mais bien plus que les porcs-épics, tous semblables, c'est ici la diversité des êtres humains qui nuit à leur parfait accord, si bien qu'il leur faudra masquer leur haine des différences par des règles qui reposent uniquement sur l'apparence. Dans sa troisième partie après avoir montré comment pouvait naître une société et comment elle s'applique plus particulièrement à l'homme, Schopenhauer semble affirmer son désaccord avec ce principe de société : il va développer les failles évidentes de ce système pour mieux soutenir sa thèse finale. [...]
[...] Le groupe est alors protecteur et efficace. Seulement Schopenhauer nous montre par la suite que ce qui apparaissait d'abord comme un système compétent n'est malgré tout pas un modèle parfait. En effet ces individus se réchauffent certes, mais comme ils sont couverts de piquants, alors ils [ressentent] les atteintes de [ceux-ci] autrement dit, ils se blessent mutuellement et le pacte de protection qu'ils tentaient de mettre en place est alors rompu. Ainsi, ces animaux, qui n'avaient pas prévu cette éventualité doivent s'écarter brusquement, le groupe est dissous. [...]
[...] Entre ces deux phases, il existerait une inévitable lutte violente mue par la peur de ne pas être vu par l'autre comme un égal. Aussi les deux vont combattre jusqu'à ce que l'un abandonne le combat par peur de mourir et se soumet alors à la volonté de l'autre. Il y a donc un rapprochement qui s'effectue, mais dans lequel les deux êtres ne sont pas égaux. Chez Schopenhauer au contraire, les hommes vont les uns vers les autres, mais de manière neutre, sans qu'on assiste à une quelconque volonté de dominer l'un ou l'autre. [...]
[...] Ainsi, la société n'est pas bénéfique pour Schopenhauer. En effet, elle ne servirait qu'à diminuer les souffrances de la vie en solitaire ; de plus, il y a également un risque d'être atteint au sein même de cette société. C'est pourquoi il faut comprendre sa phrase de manière inversée: «Par ce moyen le besoin de se réchauffer n'est satisfait qu'à moitié, mais en revanche on ne ressent pas la blessure des piquants qu'il faudrait plutôt lire comme suit : Par ce moyen on ne ressent pas la blessure des piquants, mais en revanche le besoin de se réchauffer n'est satisfait qu'à moitié qui insiste plus encore sur la faille clé qui ordonne la société (si le philosophe ne tourne pas cette phrase dans ce sens, c'est certainement pour augmenter l'ironie qu'il veut conférer au texte). [...]
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