Brian Wynne est né en 1947, est professeur d'études scientifiques et directeur de recherche au Centre d'Etudes des Changements Environnementaux à Lancaster. Il s'est spécialisé dans les technologies et l'évaluation des risques qu'elles peuvent induire, ainsi que dans la perception de ces risques par les profanes. Cela l'a donc amené à s'interroger sur la compréhension des sciences par le public, et sur l'interaction qui peut exister entre ce savoir profane et la connaissance scientifique des experts.
C'est pourquoi, dans ce texte de 1996, l'auteur s'attache d'abord à évaluer la relation sciences-public, et plus particulièrement la crédibilité dont jouit le discours scientifique aux yeux des profanes, et ce malgré leur dépendance à son égard. Il interroge ensuite la réalité et la perception des risques dans la société, et entend estimer la valeur culturelle du discours scientifique, en étudiant les interactions entre connaissance scientifique et les systèmes de connaissance locaux des populations.
[...] Patates, connaissances et ignorance Cet exemple illustre lui aussi la question de la relation entre savoir indigène et savoir qui a atteint le statut de scientifique, et le conflit culturel entre les deux mondes. Le premier cherche ainsi à universaliser son discours, par un contrôle le plus précis des conditions d'expérimentations, de façon à pouvoir généraliser les résultats au plus grand nombre de cas possibles. A l'inverse, le savoir indigène ne s'établit que dans un contexte très précis, dont il ne cherche pas à sortir, et ne tente pas de contrôler les paramètres d'expérimentations, mais bien plutôt de s'adapter à eux. [...]
[...] La seconde est la croyance que la défiance du public ne peut émerger qu'à la suite de dissensions parmi la communauté des experts, refusant totalement d'admettre que le processus inverse puisse être possible. En guise d'exemple, Wynne rappelle ainsi que les études historiques ont démontré que le rejet du nucléaire par le public date de bien avant les années 70, qui virent naître les premiers mouvements écologistes anti-nucléaire. Il développe également le cas de la centrale nucléaire de Sellafield (nord de l'Angleterre), durant les années 1970. [...]
[...] La perception du risque par la population est moins liée à l'existence véritable du risque qu'à la perception du comportement des institutions scientifiques. Les profanes perçoivent ainsi en général un risque nettement plus important qu'il n'est annoncé par les autorités scientifiques, car ils y ajoutent l'imprécision probable du diagnostic des experts, ainsi que leur propension à dissimuler la vérité (qui est, selon Wynne, perçue d'autant plus élevée que l'institution scientifique en question est indépendante de tout contrôle extérieur). Dans la suite du texte, l'auteur entend explorer le caractère culturel du discours scientifique, et étudie dans quelle mesure il y a interaction entre ce discours et les connaissances de la population locale, plus empiriques, et adaptées à un contexte très particulier. [...]
[...] "Les moutons peuvent-ils paître en toute sécurité ? Une approche réflexive du partage entre savoir expert et savoir profane", Brian Wynne (1996) Brian Wynne est né en 1947, est professeur d'études scientifiques et directeur de recherche au Centre d'Etudes des Changements Environnementaux à Lancaster. Il s'est spécialisé dans les technologies et l'évaluation des risques qu'elles peuvent induire, ainsi que dans la perception de ces risques par les profanes. Cela l'a donc amené à s'interroger sur la compréhension des sciences par le public, et sur l'interaction qui peut exister entre ce savoir profane et la connaissance scientifique des experts. [...]
[...] C'est la raison pour laquelle, Beck développe le concept de self-refuting institutions Giddens adopte une approche résolument historique : selon lui, la période récente aurait vu une rupture historique majeure, le passage de la modernité simple à la modernité réflexive Si, durant la première, la confiance du public envers les experts et leurs affirmations était supposément parfaitement acquise, en raison de l'ignorance complète des profanes des concepts scientifiques fondamentaux, la seconde période se caractériserait par une réflexion publique intense des masses face au discours des experts. Cette soudaine prise de conscience des lacunes potentielles de la connaissance des experts serait une conséquence directe de la montée des nouveaux risques globaux, ainsi que des progrès de l'éducation. Wynne s'oppose à cette vision d'un changement historique : pour lui il n'a jamais existé de période de modernité simple et de public totalement crédule et non qualifié. [...]
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