Soit une étudiante en deuxième année de sociologie-anthropologie qui doit rendre un travail sur une monographie classique ou contemporaine. Elle en a choisi une sur le thème de la sorcellerie et se met à rechercher des articles et ouvrages qu'elle pourra exploiter dans le cadre de ce travail. Elle en trouve, beaucoup, et les lit, pour la plupart. Et ces au cours de ces lectures qu'elle va se poser des questions sur le futur métier qu'elle aimerait exercer.Le décor est planté, abordons maintenant l'ouvrage.
« Les mots, la mort, les sorts » est une monographie qui a suscité les débats à sa publication et encore aujourd'hui au niveau de la méthodologie employée par l'auteur. Tout en étant rigoureuse dans la description des situations, Jeanne Favret-Saada fait preuve d'une ouverture d'esprit nouvelle par rapport au sujet qu'elle traite et aux écrits antérieurs.
Ayant été formée dans l'idée que l'ethnologue ne doit pas être présent dans ce qu'il écrit, et doit avant tout être un observateur, Jeanne Favret-Saada va se rendre compte que pour traiter de la sorcellerie, le simple fait de manifester un intérêt auprès des paysans ne suffit pas. Elle va devoir mettre en place une nouvelle stratégie pour accéder à la réalité des paysans.
Elle va donc s'impliquer dans les relations de sorcellerie au point de faire partie de son enquête et de tenir un rôle, au même titre que ceux qu'elle doit « étudier ».
La question de la présence de l'ethnologue est donc posée mais d'autre suivent, telles que comment produire un travail scientifique tout en montrant la part de subjectivité de ce travail ? Ou encore pourquoi certains contextes d'enquêtes nécessitent des dispositions autres que ce qui est habituellement prévus ? Ainsi que dans quelles proportions une enquête de terrain peut affecter la personnalité de celui ou celle qui la réalise ?
[...] Engagements problématiques en sciences sociales Culture et conflits, pp. 15-48 COPANS Jean, Introduction à l'ethnologie et à l'anthropologie, Paris, Armand Colin COPANS Jean, L'enquête ethnologique de terrain, Paris, Armand Colin DALLA BERNARDINA Sergio Texte sans corpus. La rhétorique du terrain comme objet ethnologique La Ricerca Folklorica, pp.95-103 URL : http://www.jstor.org/stable/1479957 ESQUERRE Arnaud, GALLIENNE Emmanuelle, JOBARD Fabien, LALANDE Aude, ZILBERFARB Sacha Glissements de terrains/ entretien avec Jeanne FavretSaada», Vacarme, n°28 URL : http://www.vacarme.org/article449.html FAVRET-SAADA Jeanne, Les mots, la mort, les sorts : la sorcellerie dans le bocage, Paris, Gallimard FAVRET-SAADA Jeanne1990. [...]
[...] Ces changements sont parfois difficiles à gérer. Le point le plus important à mes yeux est sous doute le fait que la théorie n'est pas un dogme. Même s'il ne doit pas être évident d'amorcer un changement dans le courant de pensée d'actualité, on se rend compte que, critiquée à la sortie de Les mots, la mort, les sorts Jeanne Favret-Saada est aujourd'hui lue par les étudiants de sciences humaines et que ses travaux font partie du bagage et de la formation des étudiants parce cette monographie était novatrice. [...]
[...] Par ailleurs, l'utilisation du je permet sans doute de rendre un texte plus accessible et plus attractif ; ce qui peut a pour avantage de faciliter la diffusion du savoir. Sachant que là aussi, il faut trouver le juste milieu entre le jargon scientifique et la vulgarisation. Un autre point important abordé par les lectures de Les mots, la mort, les sorts et des ouvrages et articles connexes, est qu'on ne revient pas d'une enquête sans avoir été transformé par celle-ci. Jeanne Favret-Saada le dit elle-même, on ne 7 revient pas d'un terrain indemne. [...]
[...] Et quand il parle, le paysan fait attention à ce qu'il ne puisse pas être reconnu dans ce qu'il raconte à l'ethnographe. Aussi longtemps qu'elle soutient une position d'extériorité, Jeanne Favret-Saada n'entendra que billevesées destinées à la convaincre que le paysan est aussi douée qu'elle pour se distancer d'un objet nommé sorcellerie (Favret-Saada ; 1977 :36). Les folkloristes ont toujours voulu garder une distance entre eux et la sorcellerie et n'ont donc pas sur récolter autre chose que des déclarations objectivantes et des historiettes fantastiques (Favret-Saada ; 1977 :37). [...]
[...] C'est excitant mais on ne risque rien. Il existe donc deux théories : celle, rationnelle, des gens qui savent et les croyances des paysans. Elle ne trouvera pas d'autres informations sur la sorcellerie que ces descriptions de paysans arriérés et naïfs. Mais le terrain a cette vertu de fournir au chercheur les moyens pour rompre avec les préjugés culturels et aboutir à une véritable compréhension de l'autre (Dalla Bernardina ; 1998 : 97) De plus, employer le terme de croyance, c'est mettre une distance, voire une barrière, entre celui qui étudie et celui qui croit car une croyance, ce n'est pas vrai (Favret-Saada ; 1977 et le savant le sait. [...]
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