Michel Serres, Catherine Schmider, éducation bienveillante, nouvelles technologies, conflits, Lévi-Strauss, cognition, émotion, système éducatif
Tout d'abord, la transversalité de sa pensée semble être un premier facteur de l'intérêt que celle-ci présente. En effet, la remise en perspective historique apparaît ici dans le développement intellectuel qu'il propose, un élément essentiel et trop rare dans le débat actuel. Capable de mettre en lien le phénomène de migration des réfugiés de la Guerre d'Espagne avec l'histoire des Romains, des Grecs et des Hébreux, toutes trois nées d'un exil originel, capable de relier Napoléon à Lénine, le fétiche rafistolé de l'album de Tintin l'Oreille Cassée à une métaphore de l'Europe et de l'être humain en chemin, capable d'associer dans le même livre le messager des dieux grecs Hermès, l'ange Gabriel et l'inventeur de l'informatique Alan Turing et de comparer la nuit étoilée à la -nécessaire- pluralité de vérités, Michel Serres créé des ponts.
[...] En France, cette question peut notamment être considérée comme liée à la problématique de la représentation de l'erreur. Fortement découragée, l'erreur est associée à la notion de honte et limite l'apprentissage en limitant la capacité à l'erreur, indissociable de la répétition propre à l'apprentissage. Ainsi, la peur peut-elle avoir des effets inhibant forts et devenir une émotion invalidante pour l'apprenant. A l'inverse, les effets de cette émotion sur les apprenants peuvent varier dans d'autres cultures comme, par exemple, les cultures anglo-saxonnes. [...]
[...] A titre d'exemple, le fait d'avoir une bonne prose de conscience de ses émotions et d'être, pour l'enseignant, en capacité de discerner ses propres émotions et états affectifs, ce qui amène le sujet à se rendre compte des émotions chez autrui. Dès lors, la représentation cognitive des émotions ne doit donc pas être perçu uniquement sous l'angle des affects vécus par l'apprenant mais également par l'enseignant. Cette double capacité perceptive entre donc en interaction voire en interception. C'est donc la variable de perception des émotions chez les élèves qui est ici impliquée. [...]
[...] De même, les progrès de la santé ne concernent qu'une certaine frange de la population mondiale et il en est de même des nouvelles technologies. Donc, sa pensée est intéressante et passionnante, mais demeure somme toute très occidentalisée. Par ailleurs, sa démarche me paraît extrêmement humble et très positive, elle témoigne d'une prise de distance que tout intellectuel se devrait d'avoir. C'est notamment sa capacité à mettre en balance à peser tous les éléments du sujet sans se précipiter sur les éléments qu'il estime saillants qui donne à son discours une portée nouvelle. [...]
[...] Dans la vidéo « Pardonnez-moi », Michel Serres dresse un panorama optimiste et bienveillant de l'évolution de la société en particulier dans le domaine de l'Internet. Il évoque toutes les implications que cette évolution a sur le monde : le corps, les mentalités, le rapport à la souffrance et au monde environnant. Il est cependant intéressant de constater que Michel Serres s'éloigne de la logique plus conventionnelle de conservateur au profit d'une certaine ouverture et d'une certaine capacité à accepter et prendre conscience des éléments positifs portés par ces évolutions technologiques. [...]
[...] Dans ce cadre, la notion de bienveillance mais également une certaine prudence semble donc devoir s'appliquer quant aux modalités pratiques de cette méthode. Ces caractéristiques dans l'approche permettent ainsi de considérer la nécessaire humilité de l'enseignant dans l'usage de cet outil. A ce titre, l'émotion comme moteur de l'apprentissage ne saurait se substituer aux autres aspects de l'apprentissage mais bien être conditionné afin d'en produire les effets les plus bénéfiques possibles sur ce processus. [...]
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