Dans cet article, LUSSAULT tente de comprendre les pratiques sociales à l'aide d'une approche axiologique centrée sur l'individu en acte et ses valeurs. Il réfute le dualisme classique entre individu et société. Selon lui, une conciliation est possible, recommandée entre ces deux univers théoriques concurrents. Il faut prendre en compte le fait qu'aucun ne domine l'autre, ils sont davantage inclus l'un en l'autre. Il faudrait construire la connaissance sociologique dans un aller retour entre ces deux approches. L'habitus (notion inspirée de Bourdieu) fonctionnerait surtout comme un "cadre configurant l'action dont l'émancipation s'avère toujours possible grâce en partie à la réflexivité". L'individu conserverait donc des capacités de liberté réelles. Il faut donc envisager ces deux approches comme un "duo singulier-pluriel" où l'individu et le social sont l'un pour l'autre une ressource. Cette posture avait déjà été préconisée par Norbert Elias. Il pense que l'individu et que la société sont apparus et se sont développés conjointement en contradiction avec une idée de communauté. Ce principe est cependant à nuancer aujourd'hui au vu des évolutions différentes de certaines sociétés.
L'auteur pense que nous sommes au coeur d'une scène à quatre partenaires. Il y a premièrement les individus qui élaborent des stratégies pour satisfaire leurs fins à partir de leurs moyens. Deuxièmement, il y a la société qui est en relation permanente avec les individus qui sont en son sein ; ils se construisent l'un l'autre. Troisièmement, il y a le collectif concret qui est en quelque sorte le représentant de la société. Il médiatise la relation qui existe entre les deux premiers partenaires. Quatrièmement, il y a l'espace qui est omniprésent et qui possède un rôle fondamental. Nous serions donc au centre d'une scène structurée par quatre éléments qui nouerait l'individu et la société via le social (le collectif concret) et le spatial (...)
[...] Lussault estime que tout acteur agissant au sein d'un ensemble pratique met en mouvement le jeu de ces trois plans. L'auteur reconnaît le caractère large difficile et complexe de sa démarche qui tient à s'éloigner de tout réductivisme excessif trop commun en géographie selon lui. Cette approche axiologique est donc basée sur l'analyse de l'agencement de ces plans. L'espace est vu aussi comme interne à l'action. Logiques de l'espace, esprit des lieux. Géographie à Cérisy. LEVY, J., LUSSAULT, J. (dir.) Paris, Belin, Collection Mappemonde p. [...]
[...] Celle-ci traduit une tension de l'individu vers les finalités de son agir. L'individu y apparaît comme un être capable de projeter du désir dans l'espace public Il n'est pas uniquement soumis aux structures. Il ne faut cependant pas pousser à l'extrême cette conception. La rationalité des acteurs engagés dans l'action est en effet limitée (supra : duo singulier-pluriel). Les arts de faire naissent donc au carrefour de l'intention d'un individu et de la dynamique du jeu combiné des différentes dimensions sociétales. [...]
[...] Il est manifeste tant matériellement que dans les représentations dans la mesure où l'espace est plus médiatisable qu'une autre dimension de la société. Pour l'auteur, l'affirmation du rôle fondamental de l'espace qui consiste à assurer le régime de visibilité d'une action dans la société paraît pouvoir s'appliquer à tous les domaines de la vie sociale. L'espace serait un objet et un enjeu fondamental au sein de la société. Le troisième plan est celui qui considère l'espace comme un objet chargé de valeur. Il fixerait et condenserait les valeurs sociétales. [...]
[...] Il y a en effet multi rationalité des acteurs, des actes et des actions. Au sein de l'être humain, il y aurait en effet plusieurs instances complémentaires et conflictuelles qui seraient nées de l'interaction entre intériorité et extériorité. Cette fragmentation a des manifestations synchroniques et des manifestations diachroniques (plusieurs faces sociales différentes) qui se téléscopent les unes et les autres. La prise en compte de ces différents comportements permet de mieux comprendre l'action des individus qui manifestent par exemple soit leur position d'agent intentionnel, soit celle d'opérateur. [...]
[...] Celle-ci permet d'appréhender les logiques et le sens de l'action. L'économie sémiotique rassemble sous une même bannière tous les signes émis et diffusés par les acteurs d'un ensemble pratique ou/et d'une situation dans le cours de son fonctionnement Il s'agit à la fois d'un produit de l'ensemble pratique et d'un élément qui participe à sa production. Cette notion permet donc de le comprendre. L'auteur conçoit le langage tant comme un instrument de représentation que comme un instrument d'action. Les énoncés de cette économie sémiotiques peuvent donc être constatatifs ou performatifs (énonciation conçue alors comme un agir social suivit d'effets).La performativité est selon l'auteur la capacité qui donne au langage une efficacité sociale dont le statut n'est plus celui d'un simple support de la représentation. [...]
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