[...] L'intentionnalité autobiographique de l'oeuvre s'éloigne de la démarche purement introspective et de la tentation de l'analyse psychanalytique. Désir de dissolution du vécu et dispersion souterraine du moi par le prisme d'une totalité indistincte permettent alors l'émergence de ce « je » partagé.
[...] Dans La Honte, texte « hybride entre le ?je? et le ?on? », on assiste a la transsubstantiation du personnel en une situation commune, et qui fait apparaître ce « quelque chose d'un ordre immatériel et par là même assimilable, compréhensible, au sens le plus fort de la préhension par les autres ». Le fait, c'est-à-dire une scène traumatisante vécue par l'auteur l'année de ses douze ans (une tentative de meurtre de son père sur sa mère) devient alors le point de départ du « sondage » d'une réalité. Rattaché à des espaces communautaires (l'école, la famille) et géographiques, le matériau autobiographique devient un vecteur social, lieu d'ancrage et pivot d'une recherche du moi dans l'altérité et de l'altérité dans le moi.
[...] Après les traces matérielles, l'univers familial, les codes vestimentaires, Ernaux rend compte de l'univers de l'école catholique. L'auto-analyse qui fonde La Honte, sociologiquement instruite, rend alors compte de conditions sociales de vie et de production littéraire, le tout en lien avec les autres, les semblables sociaux, donnant ainsi à voir les positions successivement occupées par l'auteur. Mais, en soi, le problème ne se pose pas tant, dans le cas d'Annie Ernaux, de savoir si le pacte qu'elle conclut tacitement avec le lecteur est significativement autobiographique ? dans le sens traditionnel du terme (...)
[...] Je suis entrée dans la honte. Le pire avec la honte, c'est qu'on croit être seul à la ressentir[24]. Après les traces matérielles, l'univers familial, les codes vestimentaires, Ernaux rend compte de l'univers de l'école catholique. L'auto-analyse qui fonde La Honte, sociologiquement instruite, rend alors compte de conditions sociales de vie et de production littéraire, le tout en lien avec les autres, les semblables sociaux, donnant ainsi à voir les positions successivement occupées par l'auteur. Mais, en soi, le problème ne se pose pas tant, dans le cas d'Annie Ernaux, de savoir si le pacte qu'elle conclut tacitement avec le lecteur est significativement autobiographique dans le sens traditionnel du terme. [...]
[...] Eléments pour une sociologie de la littérature, Paris, Armand Colin p. 83-101. Pierre Bourdieu, Méditations pascaliennes, Paris, Seuil p.203. Michel Leiris, C'est-à-dire, Jean-Michel Place p Annie Ernaux, La Honte, op. cit., p. 42-43. Christian Baudelot, Briser des solitudes Les dimensions psychologiques, morales et corporelles des rapports de classe chez Pierre Bourdieu et Annie Ernaux Annie Ernaux, une œuvre de l'entre-deux, études réunis par Fabrice Thumerel, Arras, Artois Presse Université p. [...]
[...] Rattaché à des espaces communautaires (l'école, la famille) et géographiques, le matériau autobiographique devient un vecteur social, lieu d'ancrage et pivot d'une recherche du moi dans l'altérité et de l'altérité dans le moi. En cela, La Honte, avant tout par sa structure, permet d'éclairer le processus d'objectivation décrit plus haut. De fait, si dans un premier temps le texte se focalise sur la singularité du fait : Mon père à voulu tuer ma mère un dimanche de juin, au début de l'après-midi. [...]
[...] 165- 176. Pierre Bourdieu, Méditations pascaliennes, op. cit., p Ibid., p. 38-39. Ibid., p Annie Ernaux, L'Ecriture comme un couteau, op. cit., p. 80-81. [...]
[...] J'essaie de rester dans la ligne des faits historiques, du document On parlera d'ailleurs d'écriture blanche en référence à Barthes qui, dans Le Degré zéro de l'écriture, parle d'une écriture neutre [qui] se place au milieux des cris et des jugements sans participer à aucun d'eux Annie Ernaux, L'écriture comme un couteau, op. cit., p Ibid., p Ibid., p Annie Ernaux, La Honte [1997], Paris, Gallimard, coll. Folio p. 13-16. Ibid., p Fabrice Thumerel, Littérature et sociologie : La Honte ou comment réformer l'autobiographie Le Champs littéraire français au XXe siècle. [...]
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