François Dubet est sociologue, directeur de recherche à l'EHESS et membre du Cadis (Centre d'analyse et d'intervention sociologique). Il enseigne à l'université Bordeaux-II. Disciple d'Alain Touraine, il pratique la méthode d'intervention sociologique, qui consiste à organiser de longs entretiens collectifs avec les membres des professions sur lesquelles porte la recherche.
François Dubet est l'auteur de nombreux ouvrages sur les mouvements sociaux, les problèmes urbains, la marginalité juvénile et la délinquance. Il a aussi produit un travail conséquent sur la crise des fondements de l'Etat Providence avec Le Déclin de l'institution, publié en 2002, ouvrage consacré aux milieux de la santé, du travail social et de la formation professionnelle. Sa réflexion s'est plus particulièrement attachée à comprendre la crise de l'institution scolaire, avec la publication, en 2004, de L'Ecole des chances. Qu'est-ce qu'une école juste ?
Avec Injustices. L'expérience des inégalités au travail, publié au Seuil en 2006, François Dubet s'attache à analyser, la crise d'un autre fondement de la société industrielle, le travail.
[...] De plus, Dubet sait retranscrire ce que l'on ne souhaiterait pas voir chez les travailleurs : le racisme de certains, le darwinisme social assumé d'autres. Et surtout Dubet ne retranscrit pas ce que l'on voudrait voir mais qui a disparu : Très peu de travailleurs, au final, ont un discours de lutte global et cohérent contre les injustices. Le regard scientifique est ici d'une netteté bien utile : Après avoir lu ce livre, il est très difficile de soutenir une vision dogmatique, quelle qu'elle soit, sur les travailleurs et le monde du travail. [...]
[...] D'autre part, ce livre ne pourra qu'être précieux à ceux qui le liront s'ils doivent un jour se consacrer au management. En effet, Dubet y dresse une cartographie des sentiments d'injustice et de toutes ces petites choses concrètes qui font que quelqu'un se sent injustement traité. Il décrit comment les sentiments d'injustice évoluent, se combinent, se transforment, et sur quoi ils débouchent. On peut donc se servir de ce livre comme d'un guide des choses à ne pas faire en matière de management, ou, mieux encore, comme d'un outil pour répondre aux attentes des travailleurs en matière de justice. [...]
[...] De plus, le mérite est au centre de la critique sur les épreuves qui mesurent le mérite lui-même : ce que les individus dénoncent alors, c'est le favoritisme et les passes droits. L'autonomie, enfin, est le troisième principe de justice. Il repose sur la valorisation du travail comme tel et sur l'aspiration des individus à se réaliser dans et par leur travail. Au nom de l'autonomie, c'est notamment l'aliénation au travail qui est dénoncée par les travailleurs. La ronde critique des principes de justice Il apparaît rapidement que ces trois principes de justice ne peuvent pas toujours être compatibles. [...]
[...] Ce groupe est plus fortement marqué que les autres par certaines croyances. Ainsi, il refuse la plupart des formes d'action collective et croit plus souvent que la moyenne que le gouvernement dirige l'économie et que les médias constituent le meilleur moyen pour faire pression sur les décideurs (p291). La droite conservatrice, quant à elle, se distingue et se caractérise par une forte prévalence des croyances religieuses, du sentiment d'insécurité et du sentiment que les collègues de travail sont plus égoïstes et moins moraux qu'auparavant. [...]
[...] Mais, quand l'individu se place du point de vue du mérite, l'ordre hiérarchique de l'égalité apparaît comme un système de castes et de privilèges, alors que l'autonomie engendre un désordre irrationnel. Enfin, quand ce même individu adopte le principe d'autonomie, le mérite est une forme de domination et l'égalité un égalitarisme niveleur. Ainsi les objets sur lesquels portent les jugements sociaux peuvent changer de nature 40) ( Sur la déconnexion entre l'action collective et les injustices au travail : Tout se passe comme si la sphère des sentiments de justice et la sphère des représentations de la vie sociale étaient relativement autonomes. [...]
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